Après avoir étudié la médecine, Émile Duclaux demande à Émile Roux de mener une étude sur les maladies virulentes à l'École normale. En inoculant à une poule une vieille culture de choléra aviaire, Émile Roux met Pasteur sur la piste de la vaccination par des germes à virulence atténuée. Ensemble, ils vivent les succès des premiers vaccins vétérinaires et du vaccin humain contre la rage, puis la fondation en 1887 de l’Institut Pasteur. Émile Roux ouvre le premier cours de l’Institut, le “Cours de microbie technique” surnommé “Cours de Monsieur Roux”, formant des microbiologistes qui essaiment dans le monde entier. En 1894, il lance un traitement majeur contre la diphtérie (voir ci-dessous), rassurant un Pasteur en fin de vie, qui constate que la relève est bien là. À la mort du savant l’année suivante, il devient sous-directeur de l’Institut Pasteur, dirigé par Émile Duclaux. Il fonde l’hôpital Pasteur en 1900 et dirige à son tour l’Institut de 1904 à sa mort.
Une figure de l'Institut Pasteur
Il fut souvent qualifié d’ascète, de “moine laïc”, image renforcée par son physique sec, son “regard perçant”, et son installation les quinze dernières années de sa vie dans une chambre de l'hôpital Pasteur nommée son “pigeonnier”. Son austérité, due aux souffrances provoquées par une tuberculose hémorragique, masquait une grande bonté. « Sa vie contient l’histoire de l’Institut Pasteur, comme l’Institut Pasteur a contenu toute sa vie », soulignait sa notice nécrologique en 1933. Aujourd’hui, à travers les grilles de l’Institut Pasteur au 25, rue du Docteur Roux, on peut apercevoir, à l’ombre des marronniers, la tombe où il repose. Le nom de “ROUX” est éternellement associé à “PASTEUR”.
Le sérum de Roux, vainqueur du "croup"Au milieu du XIXe siècle, la diphtérie (ou "croup"), angine avec formation de fausses membranes à l’entrée des voies respiratoires, touche jusqu’à 30 000 personnes chaque année en France et tue un enfant infecté sur deux par asphyxie. Émile Roux, avec le pasteurien Alexandre Yersin, découvre en 1888 que la bactérie en cause sécrète une molécule pathologique, la première toxine bactérienne jamais décrite. Quelques années plus tard, Roux et ses collaborateurs Martin et Chaillou évaluent chez des dizaines d’enfants un traitement par un sérum riche en anticorps contre la toxine diphtérique : la mortalité chute de moitié ! Communiquée au Congrès de Budapest en 1894, cette avancée médicale a un immense retentissement, faisant de Roux un héros de la science et le « sauveur des enfants ». |
Chronologie de la vie d'Emile Roux> 17 décembre 1853 Naissance à Confolens (Charente). > 1872-1873 Études médicales à Clermont- Ferrand. Préparateur pour Émile Duclaux, professeur de chimie à la faculté des sciences. > 1874-1877 Élève à l’École de médecine militaire du Val-de-Grâce. Refuse de soutenir sa thèse en temps voulu. Renvoi. > 1878 Épouse Rose Anna Shedlock > 1879-1890 Participe aux travaux de Pasteur sur l’atténuation du choléra des poules, puis sur le vaccin contre le charbon du mouton. Soutient sa thèse de doctorat en médecine sur la rage. Devient directeur-adjoint du laboratoire de Pasteur. Participe à une mission sur le choléra, en Egypte. > 1888-1895 Chef de service à l’Institut Pasteur. Publie avec Alexandre Yersin sur > 1888-1914 Ouvre et dirige, à l’Institut Pasteur, un cours de microbiologie suivi par de nombreux médecins français > 1891-1894 Travaux sur le sérum anti-diphtérique. > 1896-1906 Nommé sous-directeur de l’Institut Pasteur. Mène des recherches sur le tétanos, la tuberculose, > 1904-1933 Nommé directeur de l’Institut Pasteur. Cesse toute activité de recherche personnelle. > 1914-1918 Crée les laboratoires d’armée, dans chacun desquels il envoie trois bactériologistes et un chimiste. > 3 novembre 1933 Décès à Paris, suivi de funérailles nationales. |