Du vaccin contre la rage à la création de l'Institut

Entre 1880 et 1888, la rage est un véritable fléau. La situation sanitaire est désastreuse. La découverte du vaccin contre cette maladie particulièrement mortelle mènera Louis Pasteur à la création de l'Institut Pasteur en 1888. Initialement dédié à la vaccination antirabique, l'Institut évolue rapidement en un centre de recherche et d'enseignement, dépassant son objectif initial pour devenir un pilier de l'innovation scientifique.

Contexte historique

La rage à la fin du 19è siècle

La rage, une maladie virale presque toujours mortelle après l'apparition des symptômes, semait la terreur parmi les populations. En France, chaque année, des centaines de personnes étaient mordues par des animaux enragés, principalement des chiens, et beaucoup d'entre elles contractaient la maladie. Les cas mortels étaient fréquents, avec un taux de létalité proche de 100%. À l'échelle mondiale, la situation était tout aussi désastreuse.

En Inde, par exemple, on estimait que des milliers de personnes mouraient de la rage chaque année. En Europe, la maladie touchait également des centaines de victimes humaines et des milliers d'animaux.

Les méthodes de prévention et de traitement étaient rudimentaires et souvent inefficaces, se limitant principalement à la mise à mort des animaux suspects et à des soins de plaies sommaires. La peur de la rage était omniprésente, et les autorités sanitaires de nombreux pays peinaient à contenir les épidémies récurrentes.

 

 

Histoire de la découverte du vaccin contre la rage

1880

En 1880, Louis Pasteur est en pleine possession de sa méthode expérimentale. Il décide de l’appliquer à l’étude d’une maladie humaine, la rage, qui affecte l’homme et l’animal.

 

Comme il l’a fait pour la plupart de ses sujets de recherche, Louis Pasteur cherchera d’abord à isoler le responsable de la maladie.

Photo de Louis Pasteur - Institut Pasteur/Musée Pasteur - photo Eugène Pirou
 


 




 

Virus de la rage en microscopie électronique - Institut Pasteur
Virus de la rage en microscopie électronique. 

Mais la rage étant causée par un virus, ses efforts pour l'observer resteront sans résultats. En effet, la résolution des microscopes de l’époque ne permettait pas de voir les virus.

Le virus de la rage restera donc invisible.

Il sera observé pour la première fois, près d’un siècle plus tard, en 1962, grâce à la mise au point de la microscopie électronique.

 


 

Grâce aux travaux de Duboué, Pasteur sait que le virus se propage par les nerfs et siège dans le cerveau et la moelle épinière.

Plutôt que le chien, il décide de mener ses travaux sur le lapin, plus maniable et disponible plus facilement en nombre.

Détail de la mosaique de la crypte où repose Louis Pasteur. Lapins illustrent les travaux de Pasteur sur la rage.
 

 


 

« Pasteur dans son laboratoire ». Huile sur toile peinte par Albert Edelfelt et Hélène Schjerfberck en 1885
« Pasteur dans son laboratoire ». Huile sur toile (réplique) peinte par Albert Edelfelt et Hélène Schjerfberck en 1885.

Louis Pasteur décide de suspendre des moelles de lapins rabiques dans des flacons où elles sont exposées à l’action de l’air, dans une atmosphère privée d’humidité. La virulence s’atténue peu à peu jusqu’à s’éteindre.

Louis Pasteur injecte à des chiens contaminés des préparations de moelle de plus en plus virulentes. La rage ne se déclare pas. Malgré ces résultats, il redoute de passer aux essais chez l’homme.

 

 


 

Le matin du 6 juillet 1885, un jeune alsacien de neuf ans, Joseph Meister, mordu quatorze fois par un chien enragé se présente au laboratoire de Louis Pasteur à l'Ecole normale supérieure.

Après de nombreux débats et hésitations, en accord avec ses collaborateurs, il est décidé de tester son vaccin chez l’homme.

Lui-même n’étant pas médecin, il confie au Dr Grancher le soin de traiter le petit garçon.

En 10 jours, celui-ci recevra treize injections de préparation de moelles rabiques de moins en moins atténuées.

 


Joseph Meister ne développera jamais la maladie et deviendra le premier être humain vacciné contre la rage.

 

Crédit  : Institut Pasteur/Musée Pasteur
Joseph Meister se fait vacciner en présence de Louis Pasteur
 

 


 

Mosaïque représentant Jean-Baptiste Jupille luttant contre un chien enragé. Dans la crypte où repose Louis Pasteur.

Louis Pasteur restera cependant très discret sur ce premier succès.

Mais en octobre 1885, Jean-Baptiste Jupille, un jeune berger de 15 ans profondément mordu par un chien enragé, lui donne l’occasion d’appliquer son traitement pour la seconde fois.

L’adolescent s’était jeté sur l’animal pour couvrir la fuite de six autres petits bergers.

Louis Pasteur réitère son expérience avec le même succès.
Cette fois-ci, la nouvelle fait le tour du monde.

 

 


 

Bientôt, une multitude de « mordus » se présentent à l’Ecole normale supérieure, venant de France et de l’étranger.

Face à cette affluence, Louis Pasteur décide de fonder un centre spécialement dédié à la vaccination contre la rage, qui soit également un centre de recherche et un centre d’enseignement.

 

Inoculation du vaccin contre la rage dans la salle de vaccination de Louis Pasteur à l'Ecole normale supérieure.
 

 

 

 

1888

INAUGURATION DE L’INSTITUT PASTEUR

Fondé par décret du 4 juin 1887, l’Institut Pasteur est inauguré le 14 novembre 1888 grâce au succès d’une souscription internationale, pour permettre à Louis Pasteur d’étendre la vaccination contre la rage, de développer l’étude des maladies infectieuses et de transmettre les connaissances qui en étaient issues.

 

L’INSTITUT PASTEUR AU FIL DU TEMPS

Elèves du 1er cours de microbie technique en 1889 - Institut Pasteur

1889

Un an après l’inauguration de l’Institut Pasteur, Emile Roux ouvre le premier cours de microbiologie jamais dispensé dans le monde, intitulé "Cours de microbie technique". Des élèves de tous les pays d’Europe viennent suivre les enseignements théoriques et pratiques de cette nouvelle science.

Bâtiment de l'Institut Pasteur de Saïgon en 1930 - Institut Pasteur
1891

Le premier Institut Pasteur à l’étranger est créé en 1891 à Saigon par Albert Calmette. Il a pour mission d’appliquer la vaccination contre la rage et la variole en Indochine. 

Institut Pasteur de Madagascar - Institut Pasteur

1900

Inauguration de l'Institut Pasteur de Tananarive (Madagascar).

 

Edmond et Etienne Sergent vers 1927 - Institut Pasteur

1900

Une mission permanente de l’Institut Pasteur à Paris, dirigée par les frères Sergent, organise la lutte contre le paludisme en Algérie. De la fusion du centre antirabique et de cette mission naît l’Institut Pasteur d’Algérie. En 1960 l’Institut Pasteur d’Algérie lance le programme de lutte contre la tuberculose.

 

Institut Pasteur de Tunis - Institut Pasteur

1905

Inauguration de l'Institut Pasteur de Tunis.

 

Façade de l'Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg en 1995 - Institut Pasteur

1923

Seize patients russes sont traités contre la rage en avril 1886 par Louis Pasteur et rentrent guéris en Russie. Adrien Loir, neveu de Pasteur, part à Saint-Pétersbourg pour organiser le premier centre antirabique à l’étranger.  Le centre antirabique Pasteur, associé à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale devient en 1923, à l’occasion du centenaire de la naissance de Louis Pasteur, l’Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg. Il sera intégré au Réseau International des Instituts Pasteur en 1993.

 

Jean Laigret (1893-1966) au laboratoire - Institut Pasteur

1932

Jean Laigret met au point le vaccin contre la fièvre jaune à l’Institut Pasteur de Dakar. Georges Girard et Jean Robic mettent au point un vaccin pour enrayer la peste à l’Institut Pasteur de Madagascar.

 

Institut Pasteur de la Guyane française en 1940 - Institut Pasteur

1940

A sa création, les principales contributions de l’Institut Pasteur de la Guyane Française reposent sur la mise au point de la thérapeutique de la lèpre, l’épidémiologie du paludisme et de la fièvre jaune.

 

Jardin et bâtiment de l'Institut Pasteur du Cambodge, 1960 - Institut Pasteur

1953

En août 1946 l’Institut Pasteur de Nha Trang (Vietnam) crée une annexe vétérinaire à Phnom Penh (Cambodge) pour la production du vaccin contre la peste bovine. L’Institut Pasteur de Phnom Penh est créé en décembre 1953, il prend le nom d’Institut Pasteur du Cambodge en 1958 et s’oriente vers la biologie et la pathologie chez l'homme.

 

Institut Pasteur de Nouvelle- Calédonie en 1995 - Institut Pasteur

1954

L’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie est créé en 1954. Suite à une épidémie de dengue qui touche 40% de la population, une mission à Nouméa de l’Institut Pasteur permet l’identification du type viral et aboutit à la création d’une unité d’arbovirologie et d’entomologie en 1974.

 

Institut Pasteur de Bangui en 1963 - Institut Pasteur

1961

L’Institut Pasteur de Bangui, inauguré en 1961, est un établissement reconnu d’utilité publique par le Gouvernement Centrafricain qui se consacre essentiellement à l’étude des virus transmis par arthropodes ou arbovirus.

 

Institut Pasteur de Côte d'Ivoire en 1999 - Institut Pasteur

1972

L’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, inauguré le 27 juillet 1972, participe au développement des techniques de diagnostic rapide des arbovirus et entérovirus et à la surveillance des agents microbiens.

 


1989

En 1989 les instituts formalisent leur appartenance à cette communauté pasteurienne, ainsi que les droits et devoirs qui en découlent, en adhérant à la Déclaration Générale de Coopération Scientifique. Signée par chaque directeur, c’est la naissance du Réseau International des Instituts Pasteurs. Depuis cette date, et malgré la fermeture de certains instituts (changements majeurs de politiques locales), le nombre d’instituts n’a cessé de croître.

 

Centre de recherche Université de Hong-Kong-Pasteur - Institut Pasteur

2000

Le Centre de Recherche Pasteur - Université de Hong Kong, né en 1999 et inauguré en 2000, se consacre à la recherche sur les virus qui représentent des problèmes en santé publique dans la région : maladies infectieuses émergentes et résurgentes en Chine (SRAS, grippe, Sida, dengue, hépatite C).

 

Bâtiment "Lapeyssonnie" du CERMES - Niger - Institut Pasteur

2002

Le CERMES (Centre de Recherche Médicale et Sanitaire), qui rejoint le Réseau International en 2002 avec le nouveau statut d’institut associé, se consacre à la recherche sur les méningites bactériennes, le paludisme et le VIH/Sida.

 

Institut Scientifique de Santé Publique de Bruxelles - Institut Pasteur

2003

A Bruxelles, un institut fondé en 1901 par Jules Bordet, rejoint le Réseau International. En 2008, cet institut est absorbé au sein de la Direction des maladies transmissibles et infectieuses de l’Institut Scientifique de Santé Publique (ISP), qui devient, dans son intégralité, membre correspondant du Réseau International des Instituts Pasteur.

 

Institut Pasteur de Montevideo - Uruguay - Institut Pasteur

2006

L’Institut Pasteur de Montevideo en Uruguay, fruit d’une coopération tripartite entre les gouvernements français et uruguayen et l’Institut Pasteur, intègre le Réseau International en juin.

 

Vue de l'Institut Pasteur du Laos, inauguré le lundi 23 janvier 2012 - Institut Pasteur

2012

L’Institut Pasteur du Laos est inauguré en janvier 2012 à Vientiane. C’est le 32ème institut du Réseau International des Instituts Pasteur. Ce nouveau centre de recherche contre les maladies infectieuses et parasitaires a pour ambition de participer à la réduction des risques de pandémie en Asie du Sud-est, une région particulièrement touchée par ces fléaux.

 

Pose de la 1ère pierre de l'Institut Pasteur de Guinée - Institut Pasteur

2016

Le Président de la République de Guinée, son Excellence Monsieur le Professeur Alpha Condé, a posé le 11 novembre à Conakry, la première pierre de l'Institut Pasteur de Guinée en présence de Monsieur Jean-Marc Ayrault, Ministre français des Affaires étrangères et du Développement international. Décidée en 2014 en réaction à la crise Ebola, la création de l’Institut Pasteur de Guinée émane de la volonté conjointe des Présidents des Républiques française et guinéenne de lutter durablement contre les épidémies émergentes. Cette volonté s’est concrétisée en septembre 2015 par la signature d’un protocole d’accord entre la République de Guinée et l’Institut Pasteur.

 

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