La coqueluche est une maladie respiratoire, hautement contagieuse, causée par la bactérie Bordetella pertussis et qui peut s’avérer mortelle pour les nourrissons. Dans de nombreux pays africains, le pourcentage d’enfants qui reçoivent à temps les 3 doses du vaccin Diphterie-Tetanos-Coqueluche (DTC) est très variable (OMS). Cette couverture vaccinale faible, incomplète ou retardée devrait générer une augmentation de l’incidence de la maladie. Or en 2011, seulement 15 768 cas de coqueluche ont été reportés à l’OMS pour toute l’Afrique, ce qui suggère un manque criant de surveillance épidémiologique de cette maladie. En Asie, le contexte est similaire. Il n’est actuellement pas possible de comparer les situations épidémiologiques de la coqueluche dans les pays industrialisés et les pays en voie de développement car les vaccins utilisés sont différents. La plupart des pays d’Afrique ou d’Asie utilisent des vaccins à germes entiers (voir encadré 1) produits souvent localement dont les caractéristiques en termes de durée de protection ne sont pas connues. Il est donc difficile de savoir si un rappel vaccinal est nécessaire et si oui à quel âge. Les études réalisées il y a une trentaine d’années dans les pays industrialisés avec des vaccins similaires indiquaient une durée de protection de 5 à 8 ans après une primo-vaccination et un rappel. Mais elles indiquaient aussi la non homogénéité des vaccins utilisés. Qu’en est-il des vaccins utilisés actuellement dans les pays à ressources limitées ? C’est un des principaux objectifs du projet PERILIC.
Une étude unique de la coqueluche dans quatre régions du monde
Coordonné par Fabien Taieb, médecin affilié au Centre de Recherche Translationnelle de l’Institut Pasteur et mené en partenariat avec les Instituts Pasteur du Cambodge, d’Iran et de Madagascar ainsi que l’Agence de Médecine Préventive au Togo, le projet PERILIC (PERtussis In Low Income Countries) permettra d’obtenir un ensemble de données épidémiologiques jusqu’ici inédites sur la coqueluche.
Une large étude menée dans les 4 pays partenaires permettra d’estimer la durée de protection induite par les vaccins à germes entiers. Pour cela, dans chacun des pays, les anticorps de huit cents enfants et adolescents de 3 à 15 ans dont le statut vaccinal est connu, seront mesurés. Une seconde étude réalisée au Cambodge, en Iran et à Madagascar, permettra de documenter les caractéristiques cliniques et microbiologiques des nourrissons de moins de 6 mois présentant des signes de coqueluche et d’étudier la source de contamination dans l’entourage des nourrissons diagnostiqués biologiquement positif à la coqueluche. Deux cents nourrissons seront ainsi recrutés dans les centres hospitaliers participant à l’étude ainsi que les personnes les plus en contact avec les nourrissons infectés. Ces données vont être en particulier importantes pour adapter la stratégie vaccinale dans les pays à ressources limitées et connaître les caractéristiques des vaccins utilisés. La technologie nécessaire à la détection et à l’identification de la bactérie responsable de la coqueluche sera pour la première fois transférée dans les laboratoires partenaires et les personnels de santé formés. Intégré au programme SURVAC (voir encadré 2), le projet PERILIC constituera ainsi le socle nécessaire à la mise en place d’une surveillance pérenne de la coqueluche dans les pays partenaires.
Le vaccin coquelucheux, efficace oui… mais pas toute la vie
La bactérie B. pertussis a été identifiée en 1900 par Jules Bordet, microbiologiste à l’Institut Pasteur (Prix Nobel en 1919) puis isolée en 1906 par Jules Bordet et Octave Gengou.
Le développement d’un vaccin à partir des années 1940 et son introduction massive a permis de faire reculer l’incidence de la maladie de 90% dans les pays industrialisés. Il existe actuellement deux types de vaccins contre la coqueluche. Le vaccin dit « à germes entiers » est constitué de la bactérie complète inactivée et donc inoffensive. Le vaccin dit « acellulaire » est constitué d’éléments de la bactérie. Ce dernier, beaucoup plus cher à produire provoque moins d’effets indésirables et est le plus utilisé dans les pays industrialisés. Aucun de ces vaccins, tout comme l’infection elle-même, ne confèrent pourtant pas une immunité à vie et la protection décroit au fil du temps. Il est donc possible de contracter plusieurs fois la maladie dans sa vie. La résurgence de l’incidence globale de la coqueluche a poussé l’OMS à lister cette maladie parmi les causes majeures de mortalité infantile en 2014.
Une surveillance et une adaptation permanente sont nécessaires au succès des stratégies vaccinales
Le programme SURVAC (SURveillance des VACcins) vise à étendre le réseau de surveillance des maladies à prévention vaccinale au sein du Réseau International des Instituts Pasteur.
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Le projet PERILIC est soutenu par la Fondation Total