Le prix Nobel de médecine 2008 vient d'être décerné aux Professeurs Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier pour leurs travaux portant sur la découverte du rétrovirus responsable du sida en 1983 à l'Institut Pasteur. Ce prix vient également d'être attribué au Pr Harald zur Hausen pour la découverte du papillomavirus humain, responsable du cancer du col de l'utérus.
Communiqué de presse
Paris, le 6 octobre 2008
"Vingt-cinq ans après l’isolement du virus du sida, ce prix reconnaît le travail exceptionnel des scientifiques récompensés, et à travers eux celui de leur collaborateurs cliniciens et chercheurs, mais il constitue aussi un formidable encouragement pour la communauté scientifique engagée dans l’étude du VIH/sida. Car malgré de très nombreux progrès dans le dépistage et le traitement de cette terrible infection, le combat doit plus que jamais continuer", déclare Alice Dautry, Directrice générale de l’Institut Pasteur.
Pour Jean-François Delfraissy, Directeur de l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS) : "Cette récompense arrive à point nommé, à une époque où beaucoup estiment le problème du sida réglé au Nord comme au Sud. Cette distinction va encourager les jeunes à répondre aux nombreuses questions non résolues, comme le vaccin, le contrôle du virus et les nouveaux outils de prévention."
Françoise Barré-Sinoussi
Françoise Barré-Sinoussi, 61 ans, est Professeur de classe exceptionnelle à l’Institut Pasteur et Directrice de recherche Inserm de classe exceptionnelle. Elle dirige l’Unité Régulation des Infections Rétrovirales à l’Institut Pasteur. Elle est également Présidente du Conseil scientifique de l’ANRS et dirige le site de recherche de l’ANRS en Asie du Sud-Est. Françoise Barré-Sinoussi a établi de nombreuses collaborations avec les pays les plus touchés par l’épidémie de VIH/sida, notamment à travers le Réseau International des Instituts Pasteur.
Ses travaux ont donné lieu à 216 publications originales dans des revues scientifiques internationales, à plus de 250 communications lors de congrès internationaux et à 17 dépôts de brevets.
Son équipe à l’Institut Pasteur, constituée d’une vingtaine de personnes, travaille notamment sur les modes de transmission du virus de la mère à l’enfant, sur les mécanismes innés de la régulation de l’infection et sur les infections chez les singes provoquées par les virus simiens.
Françoise Barré-Sinoussi a reçu de nombreux prix (Prix Sovac, Prix de la Fondation Körber pour la promotion de la Science Européenne, Prix de l’Académie de Médecine, Prix International de Médecine de la Fondation du Roi Faisal (Arabie Saoudite), Prix Recherche et Médecine de l’Institut des Sciences de la Vie (France), Prix de IAS (International AIDS Society)… Elle a été élevée au rang d’officier de la Légion d’Honneur en 2006.
André Syrota, Directeur Général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, tient à féliciter vivement Mme Barré-Sinoussi pour son parcours exceptionnel et son engagement scientifique et humain total dans la lutte contre le VIH-Sida. « Les nombreuses collaborations qu’elle a développées avec les pays du Sud et le lien permanent qu’elle a su établir entre recherche fondamentale et recherche clinique en font une ambassadrice hors pair de la recherche biomédicale française » souligne-t-il.
Luc Montagnier
Luc Montagnier, 76 ans, est Professeur à l’Institut Pasteur, où il a dirigé, de 1972 à 2000, l’Unité d’Oncologie Virale, Directeur de Recherches Emérite au CNRS et membre des Académies des Sciences et de Médecine.
Il est Président de la Fondation Mondiale Recherche et Prévention SIDA, créé en 1993 avec Federico Mayor, ancien Directeur Général de l’UNESCO. Cette Fondation a créé le Centre Intégré de Recherches Biocliniques d’Abidjan (CIRBA) en 1996 et le Centre International de référence et de recherche «Chantal Biya» sur la prévention et la prise en charge du VIH/SIDA au Cameroun.
Parallèlement, Luc Montagnier a participé à la création de plusieurs compagnies de biotechnologies aux Etats-Unis et en France.
Il est lauréat de la Médaille d’Argent du CNRS, du Prix Rosen de Cancérologie, des Prix Gallien, Jeantet, Korber, Lasker, Gairdner, du Prix du Japon, du Prix du Roi Faisal d’Arabie Saoudite, notamment. Il est également Commandeur de la Légion d’Honneur et Commandeur de l’Ordre National du Mérite.
Selon Arnold Migus, directeur général du CNRS :"Le prix Nobel de médecine 2008 a été attribué à trois européens : un Allemand et deux Français. Cette distinction, décernée à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, honore l’Institut Pasteur et deux organismes de recherche, le CNRS et l’Inserm, qui ont su mobiliser leurs meilleurs talents sur un enjeu scientifique majeur de santé. En lui décernant le prix Nobel, le Comité distingue en Luc Montagnier, directeur de recherche émérite au CNRS, un chercheur d’exception, co-découvreur du virus du sida, qui a su porter la qualité de la recherche française bien au-delà de nos frontières."
La découverte du VIH-1 à l'Institut Pasteur
C’est en décembre 1982 que l’aventure de l’isolement d’un virus alors inconnu - et dont on ne sait encore qu’il sera à l’origine d’une redoutable pandémie - démarre à l’Institut Pasteur. Contactée par des cliniciens de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), l’unité d’Oncologie virale à l’Institut Pasteur, spécialisée dans les relations rétrovirus-cancers, engage les recherches. L’équipe est alors dirigée par Luc Montagnier et l’essentiel des travaux sur le nouveau virus est réalisé par Françoise Barré-Sinoussi. Dès janvier 1983, les scientifiques travaillent sur la première biopsie ganglionnaire d’un patient atteint de « lymphadénopathie généralisée », c’est-à-dire au stade de « pré-sida » (avant l’apparition d’une immunodéficience profonde). En mai 1983 la première description du virus responsable du sida, que l’équipe à l’Institut Pasteur avait appelé à l’époque «Lymphadenopathy Associated Virus » ou LAV, est publiée dans la revue Science*.
A la même époque, une équipe de scientifiques américains dirigée par le professeur Robert Gallo travaillait également à l’identification du virus. De la découverte française découlera quelques mois plus tard la description de la séquence du virus, par des biologistes moléculaires de l’Institut Pasteur, et la mise au point de tests de dépistage du virus. Plus tard, grâce à l’élucidation du cycle de réplication virale, plusieurs classes nouvelles d’antiviraux ont pu être mises au point.
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* Isolation of a T-Lymphotropic Retrovirus from a Patient at Risk for Acquired Immune Deficiency Syndrome ( AIDS), Science , 220, 868-871 (1983)
F. Barré-Sinoussi1, J.C. Chermann1, F. Rey1, M.T. Nugeyre1, S. Chamaret1, J. Gruest1, C. Dauguet1, C. Axler-Blin1, F. Vézinet-Brun2, C. Rouzioux2, W. Rozenbaum3, L. Montagnier1.
1- Département de Virologie, Institut Pasteur
2- Laboratoire Central-Virologie, Hôpital Claude Bernard
3- Département de Santé publique et Médecine tropicale, Hôpital La Pitié-Salpétrière
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