Hépatite B : une nouvelle méthode de détection rapide du virus pour limiter la transmission mère-enfant

Communiqué de presse
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Des scientifiques de l'Institut Pasteur, en collaboration avec l’université de Kumamoto (Japon), ont évalué une nouvelle méthode de détection rapide permettant d’évaluer la transmissibilité de l'hépatite B par les femmes enceintes à leurs enfants. Cet outil de diagnostic pourrait permettre l'élimination de l'hépatite B, notamment en limitant la transmission mère-enfant lors de l’accouchement, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. L’hépatite B est une inflammation du foie causée par le virus VHB. Elle représente la deuxième cause de décès dans le monde par maladies infectieuses après la tuberculose. La prévention de la transmission de la mère à l’enfant du virus VHB est essentielle pour l'élimination de l’hépatite B à l’échelle mondiale. Ces résultats sont publiés le 14 mars 2025, dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology.

L'hépatite B est une maladie virale qui affecte le foie et peut entraîner des complications graves, y compris la cirrhose et le cancer du foie. Dans le monde, on compte plus de 254 millions de porteurs chroniques, pouvant transmettre le virus pendant des années, et plus de 1,1 million de décès annuels. Dans de nombreux pays à ressources limitées (en Afrique subsaharienne, dans une grande partie de l’Asie et dans le Pacifique), les infections chroniques par le VHB touchent de 4 à 8% de la population adulte. L’infection est moins courante en Europe occidentale et en Amérique du Nord, où les porteurs chroniques représentent moins de 1 à 2% de la population. En France, on estime qu’environ 143 000 personnes seraient des porteurs chroniques du virus de l’hépatite B. Le virus de l’hépatite B se transmet par tous les liquides et sécrétions biologiques. Statistiquement, dans le monde, les modes de transmission les plus fréquents sont de la mère à l’enfant et entre enfants d’une même famille.

Hormis la vaccination disponible depuis 1981, aucune solution n’existe pour prévenir ou guérir la maladie. Dans ce contexte, la détection précoce de l'infection est cruciale. Jusqu'à présent, les tests pour évaluer l’infectivité, c’est-à-dire la capacité du virus à infecter son hôte et, par conséquent, la transmissibilité de l'hépatite B, sont souvent coûteux et nécessitent des équipements spécialisés, limitant leur accessibilité dans les régions à ressources limitées.

Prévention de la transmission mère-enfant

La prévention de la transmission de l'hépatite B de la mère à l'enfant est primordiale pour éliminer l'hépatite B. En plus de la vaccination des nouveau-nés, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de faire un premier test de dépistage classique du VHB chez les femmes enceintes. Puis, il est nécessaire de réaliser un deuxième test pour évaluer si ces femmes porteuses du virus peuvent transmettre l'infection afin de leur administrer un traitement préventif antiviral si ce test indique un risque de transmission élevé.

Le test de dépistage de première intention, qui détecte l’antigène de surface du virus VHB, est abordable et accessible dans beaucoup des pays à revenu faible. En revanche, le deuxième test, qui permet de quantifier la charge virale par PCR, est peu disponible dans ces pays. En effet, ces tests, visant à mesurer le risque de transmission, nécessitent des dosages par des machines sophistiquées dans un laboratoire avec des réactifs coûteux.

Un test rapide au chevet du patient qui identifie de façon fiable les femmes ayant des niveaux élevés de virus actif dans des contextes décentralisés pourrait fournir une solution à cette problématique.

Un test fiable et rapide pour évaluer le risque de transmission du virus des femmes enceintes à leur enfant

Le nouveau test rapide de mesure de l’infectivité évalué par le Dr Shimakawa, chercheur au sein de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, en collaboration avec le Prof Tanaka de l’université de Kumamoto et Fujirebio, offre une solution innovante qui détecte un antigène spécifique, considéré comme un marqueur fiable de l'infection active, même dans une zone où il n’y a pas d’accès au laboratoire ou à l’électricité. Parmi ses avantages, il présente un faible coût de production, une simplicité de manipulation, l'absence de besoin d'électricité, la possibilité de l'utiliser à des températures allant jusqu'à 39°C et un délai d'exécution rapide en 45 minutes.

« Les résultats montrent que ce nouveau test est aussi précis que les méthodes traditionnelles, telles que le test PCR pour identifier les femmes qui ont une charge virale élevée, mais avec une rapidité et une simplicité d'utilisation remarquables. Ce test d’évaluation de l’infectivité permet d'identifier de manière fiable les femmes enceintes pouvant bénéficier d'un traitement préventif antivirale sur le lieu de soin, » explique Yusuke Shimakawa, principal auteur de l’étude et chercheur au sein de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur.

Un impact mondial sur la gestion de l’hépatite B

Les caractéristiques de ce test le rendraient facilement intégrable aux soins prénataux de routine dans les établissements de santé décentralisés. Cette avancée pourrait avoir un impact significatif sur la gestion de l'hépatite B dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l'accès aux soins de santé est souvent limité. Le test rapide permettra une détection et une intervention précoces, réduisant ainsi la propagation de la maladie et les complications associées.

L'équipe de recherche continue de travailler sur l'amélioration du test et son déploiement à grande échelle. Des études supplémentaires sont en cours pour évaluer l'efficacité du test dans différents contextes cliniques et géographiques auprès de femmes enceintes.

Ces travaux ont été financés par les organismes cités plus haut, ainsi que par l’ANRS-MIE, la Japan Society for the Promotion of Science, Gilead Sciences et la Fondation Total. 

Lire notre fiche d’information sur les hépatites virales.


Source

Hepatitis B core-related antigen rapid diagnostic test for point-of-care identification of women at high risk of hepatitis B vertical transmission: a multicountry diagnostic accuracy study, The Lancet Gastroenterology & Hepatology, 14 mars 2025

Jeanne Perpétue Vincent, PhD,1,2 Olivier Ségéral, PhD,3,4 Dramane Kania, PhD,5,6 Laurence Borand, PharmD,7,8 Jean-Pierre Adoukara, MD,9 Adeline Pivert, PhD,10 Amariane Koné, MD,5,6 Abdoul Salam Eric Tiendrebeogo, MD,6,11 Haoua Tall, PharmD,6,11 Laura Schaeffer, MSc,1 Muriel Vray, HDR,1 Armel Moumouni Sanou, PhD,12 Prof Richard Njouom, PhD,13 Gavin Cloherty, PhD,14 Naofumi Hashimoto, MSc,15 Tetsuo Miura, BSc,16 Wataru Sugiura, PhD,16,17 Saren Sovann, MSc,18 Jee-Seon Yang, MD,18 Gauthier Delvallez, PharmD,18 Prof Françoise Lunel-Fabiani, PhD,10 Prof Yasuhito Tanaka, PhD,17,19* Yusuke Shimakawa, PhD1,17,20*

HBcrAg-RDT Study Group

1 Institut Pasteur, Université Paris Cité, Unité d'Épidémiologie des Maladies Émergentes, Paris, France
2 Université Paris Cité, IRD, MERIT, F-75006 Paris, France
3 French Agency for Research on AIDS, Viral Hepatitis and Emerging Infectious diseases (ANRS-MIE), Phnom Penh, Cambodia
4 HIV Unit, Infectious diseases department, Geneva University Hospital, Geneva, Switzerland
5 Laboratoire de Virologie, Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
6 Laboratoire Mixte International de Vaccinologie (LAMIVAC), Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
7 Clinical Research Group, Epidemiology and Public Health Unit, Institut Pasteur du Cambodge, Phnom Penh, Cambodia
8 Center for Tuberculosis Research, Division of Infectious Diseases, Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, Maryland, USA
9 Hôpital de Tokombéré, Tokombéré, Cameroon
10 Laboratoire de Virologie, CHU Angers, Angers Université, Angers, France
11 Épidémiologie des Maladies Évitables par la Vaccination, Agence de Médecine Préventive (AMP), Ouagadougou, Burkina Faso
12 Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
13 Centre Pasteur du Cameroun, Yaoundé, Cameroun
14 Infectious Disease Research, Abbott Diagnostics, Abbott Park, Illinois, USA
15 Bureau of International Health Cooperation, National Center for Global Health and Medicine, Tokyo, Japan
16 Center for Clinical Sciences, National Center for Global Health and Medicine, Tokyo, Japan
17 Pasteur International Unit at Kumamoto University / National Center for Global Health and Medicine, Japan
18 Medical Biology Laboratory, Institut Pasteur du Cambodge, Phnom Penh, Cambodia
19 Department of Gastroenterology and Hepatology, Faculty of Life Sciences, Kumamoto University, Kumamoto, Japan
20 International Research Center for Medical Sciences (IRCMS), Kumamoto University, Kumamoto, Japan
* Co-dernier auteurs

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