Des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris, de l’Institut Pasteur de Shanghai et de l’unité Inserm 1041 « Régulation immunitaire et vaccinologie », en collaboration avec l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris viennent de mettre en évidence l’existence d’une immunité mémoire de type inflammatoire que le fœtus développe pendant la grossesse. Ces résultats, publiés dans Science Translational Medicine le 28 mai, suggèrent qu’il serait possible de mettre en place une mémoire vaccinale anténatale propre au nourrisson, et d'augmenter ainsi son immunité au cours des premiers mois de vie.
Communiqué de presse
Paris, le 10 juin 2014
Le groupe de Richard Lo-Man, au sein de l’unité 1041 « Régulation immunitaire et vaccinologie » (Institut Pasteur/Inserm), dirigée par le Pr. Claude Leclerc, vient de faire une découverte qui remet en cause ces données : les scientifiques ont en effet mis en évidence, chez le nourrisson, une petite population de lymphocytes T mémoire. Au cours de la grossesse, le fœtus développe donc, malgré l’absence d’agent pathogène dans l’environnement stérile du ventre de sa mère, sa propre mémoire immunitaire, activée et fonctionnelle dès la naissance. Ces lymphocytes, capables de produire très rapidement des molécules antimicrobiennes de type cytokines, garantissent au nouveau-né une réponse immunitaire inflammatoire efficace.
En considérant des vaccins, administrés à la femme enceinte et capables de stimuler l’immunité de l’enfant à naître, la découverte de ce processus laisse désormais penser qu’il pourrait un jour être possible de vacciner le fœtus in utero. Cette stratégie vaccinale anténatale pourrait ainsi augmenter l’immunité du nourrisson au cours des premiers mois de vie.
Illustration : Les lymphocytes mémoires isolés du sang d’un nouveau-né de sexe male expriment dans leur noyau (en bleu) les chromosomes sexuels X (en rouge) et Y (en vert), montrant ainsi qu’ils sont propres au fœtus, et non d’origine maternelle. Microscopie à fluorescence. © Institut Pasteur
Source
Inflammatory effector-like memory CD4 T cells develop in the sterile environment of the fetus, Science Translational Medicine, 28 mai 2014.
Xiaoming Zhang (1,2,3), Brian Mozeleski (1,2), Sebastien Lemoine (1,2), Edith Dériaud (1,2), Annick Lim (4), Dania Zhivaki (1,2), Elie Azria (5,6), Camille Le Ray (7,8), Gwenaelle Roguet (9), Odile Launay (8,9,10), Anne Vanet (11,12,13), Claude Leclerc (1,2), Richard Lo-Man (1,2)
(1) Régulation Immunitaire et Vaccinologie, Institut Pasteur, Paris, France
(2) INSERM U1041, France
(3) Unit of Innate Defense and Immune Modulation, Key Laboratory of Molecular Virology and Immunology, Institut Pasteur of Shanghai, Chinese Academy of Sciences, Shanghai, China
(4) Department Immunology, Institut Pasteur, Paris, France
(5) Department of Obstetrics and Gynecology, Hospital Bichat Claude Bernard, Paris, France
(6) Paris 7 Université Diderot, Paris, France
(7) APHP, Department of Obstetrics and Gynecology, Maternité Port Royal, Paris, France
(8) Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France
(9) INSERM CIC1417, Paris, France
(10) APHP, Hopital Cochin, Paris, France
(11) Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, F-75013, Paris, France
(12) CNRS, UMR7592, Institut Jacques Monod, F-75013, Paris, France
(13) Atelier de Bio Informatique, F-75005, Paris, France