L'Institut Pasteur se félicite de la sélection de 4 chercheurs pasteuriens parmi les premiers lauréats de l’appel à projets « Chaires d'Excellence en Biologie-Santé » de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) :
Yasmine Belkaid, lauréate pour son projet "MAMM" consacré au Contrôle de l'Immunité Maternelle sur la Première Vie. Yasmine Belkaid est également directrice générale de l’Institut Pasteur depuis janvier 2024,
Mélanie Hamon, responsable de l’unité Chromatine et infection à l’Institut Pasteur, pour son projet "ChromaBac" sur les Modifications de la chromatine induites par les bactéries dans la promotion de la santé et la prévention des maladies,
Romain Koszul, responsable de l’unité Régulation spatiale des génomes à l’Institut Pasteur, porteur du projet "COMET" axé sur la Résolution des Écosystèmes Complexes par la Métagénomique de Contact,
Lluis Quintana-Murci, professeur au Collège de France et responsable de l’unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur, sélectionné pour son projet "EPIGEMI" portant sur l'Exploration des Facteurs Génétiques, Épigénétiques et Environnementaux Sous-Jacents au Métabolisme et à l'Inflammation Dysrégulés.
Ce résultat, obtenu après l’évaluation rigoureuse d’un jury international de premier plan, vient reconnaître l’excellence académique de la recherche pasteurienne et souligne l’engagement de l’Etat aux côtés des chercheuses et des chercheurs qui portent des projets novateurs et innovants. Il a été annoncé par Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Frédéric Valletoux, ministre délégué auprès de la ministre du Travail, de la Santé, et des solidarités, chargé de la Santé et de la Prévention, dans le cadre d’une cérémonie, qui s’est tenue aujourd’hui à l’Institut Pasteur.
A l’occasion de la cérémonie de présentation des lauréats, Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur, a déclaré : “Je suis très heureuse et très fière que l’Etat ait choisi de présenter les lauréats du programme Chaires d’Excellence à l’Institut Pasteur. Ce programme, c’est un investissement important pour soutenir la recherche dans des domaines où nous excellons en France. C’est aussi un mode de financement particulier, qui fait confiance à une équipe, soutient des talents et laisse à la créativité des chercheurs l’espace et le temps pour s’exprimer. C’est extrêmement important. C’est la possibilité, enfin, de recruter et de soutenir les meilleurs chercheuses et chercheurs, et d’acheter des équipements de pointe, pour aider à replacer la France dans la course internationale à l’innovation."
L’appel à projets « Chaires d'Excellence en Biologie-Santé » mise en place par l'Agence Nationale de Recherche dans le cadre de France 2030 représente une avancée significative dans le domaine de la recherche en biologie-santé. En ayant recours à un jury international de très haut niveau et en offrant à chaque équipe jusqu'à 3 millions pour conduire leur projet sur une période de cinq ans, il témoigne d'une nouvelle orientation très positive visant à soutenir des chercheuses et des chercheurs de talent sur le long terme et en leur laissant la liberté nécessaire à l’expression de leur créativité. Ce programme s’inscrit dans le plan France 2030, porté par le Secrétariat Général pour l’Investissement (SGPI) pour produire au moins 20 biomédicaments, notamment contre les cancers et les maladies chroniques, et développer des dispositifs médicaux innovants sur notre territoire.
Grâce aux financements du programme, les lauréats pourront recruter de nouvelles chercheuses et de nouveaux chercheurs dans leur équipe et renforcer leur équipement en outils technologiques de pointe, stimulant ainsi davantage l'innovation et les découvertes scientifiques dans l’environnement pasteurien. Ils seront également encouragés à déposer des projets au Conseil Européen de la Recherche (ERC), consolidant ainsi leur impact au niveau international. L'Institut Pasteur félicite chaleureusement les chercheuses et chercheurs lauréats et remercie sincèrement l'ANR, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarité, et le Secrétariat général pour l’Investissement pour leur soutien crucial à l'avancement de la recherche biomédicale en France.
« Les pouvoirs publics doivent être vivement remerciés car ces chaires correspondent pleinement à la culture et à la vocation de l’institut Pasteur : faire confiance sur la durée à des équipes d’excellence, sur des projets très originaux et innovants, en les dotant de moyens importants, avec entre autres l’objectif de contribuer à la réduction des inégalités de santé », a indiqué Yves Saint-Geours, Président du Conseil d’Administration de l’Institut Pasteur, en ouverture de la cérémonie.
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Les quatre scientifiques de l’Institut Pasteur ayant obtenu une Chaire d’Excellence sont :
Malgré l'importance fondamentale de la grossesse pour la survie humaine, notre compréhension de l'immunité mère-enfant est peu explorée. L’infection ou la malnutrition pendant la grossesse peut avoir des conséquences irréversibles et les inflammations subies par le fœtus peuvent provoquer des cicatrices irréversibles. L'objectif du projet de recherche MAMM est de développer une compréhension mécaniste de l'immunité associée à la grossesse et à la lactation et de la manière dont l'infection et l'inflammation conduisent à des trajectoires inadaptées. Cette ligne de recherche, historiquement négligée, est une responsabilité partagée pour concevoir des stratégies thérapeutiques et vaccinales sûres et ainsi assurer la protection de la mère et de l'enfant. C’est un sujet qui me tient très à cœur.
Yasmine BelkaidDirectrice générale de l'Institut Pasteur, lauréate pour son projet "MAMM" consacré au Contrôle de l'Immunité Maternelle sur la Première Vie.
Le financement de l’ANR Chaire d’excellence est une opportunité unique de faire rayonner la recherche française. Avec ce financement, je pourrai sereinement recruter, équiper le laboratoire et permettre à mon équipe de mener des projets ambitieux et compétitifs de manière pérenne. Je remercie l’ANR pour son soutien, ainsi que l’Institut Pasteur qui met tout en œuvre pour sa réalisation. J’aimerais tout particulièrement remercier le Grants Office pour son accompagnement, mes collègues pour leur aide tout au long du processus et l’équipe de mon laboratoire pour l’excellence de son travail.
Mélanie HamonResponsable de l’unité Chromatine et infection à l’Institut Pasteur, pour son projet "ChromaBac" sur les Modifications de la chromatine induites par les bactéries dans la santé et la maladie.
Je suis extrêmement reconnaissant à l'ANR d'avoir organisé cet appel d'offres ouvert et international, et au Grants Office de l’Institut Pasteur pour l’aide qu’il a apportée lors du montage du projet. Grâce à ce financement substantiel, nous allons pouvoir former plusieurs personnes pour exploiter à grande échelle les avancées technologiques de l'équipe, qui fournissent des résultats enthousiasmants et d'une résolution exceptionnelle sur la structure des écosystèmes bactériens.
Romain KoszulDirecteur de l’unité Génome et génétique à l’Institut Pasteur, porteur du projet "COMET" axé sur la Résolution des Écosystèmes Complexes par la Métagénomique de Contact.
Une chose qui me réjouit particulièrement est d'avoir obtenu un financement public pour étudier les facteurs à l'origine de l'état de santé des populations polynésiennes. Cela représente un début d'équité dans le domaine de la génomique humaine, souvent biaisé par l'étude des populations européennes. Outre les considérations éthiques, cette question revêt un caractère scientifique et médical crucial, qui n'aurait pu être exploré sans notre partenaire à Tahiti (Institut Louis Malardé), mais aussi le Pôle de Coordination de la Recherche Clinique et le Grants Office de l'Institut Pasteur.
Lluis Quintana-MurciResponsable de l’unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur et professeur au Collège de France, récompensé pour son projet "EPIGEMI" portant sur l'Exploration des Facteurs Génétiques, Épigénétiques et Environnementaux Sous-Jacents au Métabolisme et à l'Inflammation Dysrégulés.
A propos des projets des quatre Lauréats
Yasmine Belkaid, projet "MAMM" : Contrôle de l'Immunité Maternelle sur la Première Vie.
Le projet explore la relation entre la mère et l’enfant pendant la grossesse, un sujet hélas encore mal compris et négligé dans le champ scientifique, sur lequel nous avons encore beaucoup à découvrir. Il s’attachera à étudier comment le système immunitaire de la mère évolue et contrôle la transformation du corps maternel au cours des neuf mois de gestation. Il tentera aussi de comprendre comment les infections durant la grossesse influencent l’immunité de la mère, impactent celle de l’enfant et prédisposent ce dernier à développer certaines maladies inflammatoires à l’avenir. Cette compréhension est essentielle pour développer des traitements, des vaccins mais surtout des outils de prévention sûrs, car les infections pendant la grossesse peuvent avoir des conséquences irréversibles sur le développement et la santé de l'enfant.
Mélanie Hamon, projet "ChromaBac" : Modifications de la chromatine induites par les bactéries dans la santé et la maladie.
Le projet vise à comprendre comment le corps établit un équilibre avec des bactéries qu’il abrite naturellement et comment cet équilibre est rompu au contact avec de bactéries pathogènes, déclenchant ainsi des infections invasives. Les chercheurs s’intéressent à Streptococcus pneumoniae, une bactérie naturellement portée par une large partie de la population, surtout les enfants, mais qui crée aussi, dans certaines situations, des infections responsables de pneumonies et de méningites graves. Plus de 800 000 enfants de moins de 5 ans meurent, chaque année, des suites d'une infection due aux pneumocoques dans le monde selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L’équipe a déjà montré que les bactéries pathogènes comme Streptococcus pneumoniae modifient certaines protéines de nos cellules qui contrôlent l’expression de nos gènes. Elle cherche désormais à identifier et à comprendre ces modifications très particulières, qui sont un point de bascule crucial d’un état asymptomatique à un état pathologique en présence de bactéries. Alors que les bactéries se révèlent de plus en plus résistantes aux antibiotiques, la compréhension de ce phénomène pourrait conduire à de nouveaux traitements thérapeutiques ou préventifs contre les pneumocoques et contre les bactéries en général.
Romain Koszul, projet "COMET" : Résolution des Écosystèmes Complexes par la Métagénomique de Contact.
Le projet vise à comprendre l’organisation des génomes de bactéries et d’archées (des êtres vivants microscopiques présents dans les océans et intervenant par exemple dans le cycle du carbone) et l’activité de ces génomes au fil du temps et au gré des modifications de leur environnement. Grâce à leur outil metaHiC, les chercheurs proposent notamment de générer des photographies haute résolution de la complexité et de la dynamique des liens unissant toutes les molécules d’ADN de populations microbiennes complexes. Ces expériences seront menées dans des milieux très différents : en effectuant, d’une part, des prélèvements au sein de la colonne d’eau dans la rade de Brest au fil des saisons et des activités humaines ; en étudiant, d’autre part, le microbiote intestinal d’une cohorte de nourrissons pendant un an au regard d’événements particuliers tels que des traitements médicaux. L'analyse des données implique le développement d’approches d’apprentissage profond ou “deep learning” pour déterminer dans quelle mesure l'organisation des chromosomes informe sur l’activité des génomes et le métabolisme des bactéries. Ces expériences permettront à l’équipe d’explorer l’évolution de ces écosystèmes complexes au fil du temps, y compris à travers de possibles transferts d’information génétique d’une espèce ou d'une souche bactérienne à une autre.
Lluis Quintana-Murci, projet "EPIGEMI" : Exploration des Facteurs Génétiques, Épigénétiques et Environnementaux Sous-Jacents au Métabolisme et à l'Inflammation Dysrégulés.
Le projet vise à comprendre dans quelle mesure les différences génétiques entre individus, ainsi que d’autres facteurs tels que l’âge, le sexe, le mode de vie ou la nutrition, influencent l’état métabolique (comme l’obésité) et, en retour, comment cet état métabolique influence la réponse immunitaire aux microbes causant les maladies. L’hypothèse est que nos différences face aux maladies résultent des interactions entre nos caractéristiques génétiques et nos modes de vie, ce que l’on connait comme les interactions gène-environnement. Pour vérifier cette hypothèse, l'équipe va étudier la population de la Polynésie française, en partenariat avec l’Institut Louis Malardé de Tahiti, car c’est une région où la prévalence de certaines maladies métaboliques est parmi les plus élevées au monde. Elle pourra ainsi comprendre l'impact de facteurs génétiques et non-génétiques sur les maladies métaboliques et la réponse immunitaire à certains pathogènes, comme le virus de la grippe. A terme, ce travail devrait permettre d’identifier des pistes pour de futurs traitements thérapeutiques et des mesures préventives supplémentaires. Il devrait aussi permettre d’avoir une vision plus complète de la diversité génétique humaine car, à l’heure actuelle, 78% des études en génétique humaine portent sur des individus d'origine européenne, alors que ces derniers ne représentent que 16% de la population mondiale. Cela n’est pas seulement contestable sur le plan éthique, mais entraine aussi une compréhension partielle de la manière dont la génétique et l’environnement contribuent aux différences de vulnérabilité aux maladies.
Les quatre lauréat(e)s de l'Institut Pasteur - le 22 avril 2024© Institut Pasteur / François Gardy
Cérémonie des chaires d'excellence à l'Institut Pasteur le 22 avril 2024© Institut Pasteur / François Gardy