L’Asie du Sud-Est a connu ces dernières années un développement démographique et économique rapide, impliquant des transformations environnementales et d’importantes conséquences sanitaires. C’est dans ce contexte que l’Institut Pasteur a mis en œuvre entre 2013 et 2016, le projet ECOMORE (ECOsystem MOdification and emerging infectious diseases Risk Evaluation).
Mené en collaboration avec l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos, le National Institute of Hygiene and Epidemiology au Vietnam et le National Health Laboratory au Myanmar, le projet avait pour objectif de mieux comprendre l’impact environnemental des activités économiques humaines et leur lien possible avec l’émergence de maladies infectieuses en Asie du Sud-Est. Il s’intéressait également à la mesure des risques réels pour la santé des populations afin de proposer des recommandations de santé publique aux autorités locales.
Des résultats concrets pour prévenir les infections
Au Cambodge, ECOMORE s’est attaché à améliorer le système national de surveillance de la dengue afin d’obtenir des données les plus fiables possible. Le réseau existant des hôpitaux sentinelles a été porté de cinq à huit partenaires et un outil d’alerte précoce permettant de prédire les épidémies de dengue a été validé, accompagné d’un manuel d’utilisation simple. Il aidera les autorités à mieux anticiper les besoins des hôpitaux en consommables (perfusions, médicaments, etc.) lors d’afflux massif de patients au moment des pics épidémiques.
Au Laos, où l’incitation au développement des plantations d’hévéas a provoqué des modifications importantes des écosystèmes, la question de santé publique était d’estimer l’impact sur la dynamique des maladies vectorielles et les conséquences potentielles pour les personnes employées dans ces plantations ou vivant dans les villages alentour. ECOMORE a montré que les populations de vecteurs varient fortement dans les différents types d’environnement (forêt secondaire, villages, plantations immatures et plantations matures) et que le risque de contracter la dengue était nettement plus élevé pour les ouvriers travaillant dans les plantations d’hévéas que pour les habitants des villages environnants. Par ailleurs, un chapitre sur les risques pour la santé des travailleurs des plantations a été ajouté au Rubber Manual, ouvrage technique de référence pour les propriétaires laotiens de plantations.
Au Vietnam, des enquêtes épidémiologiques dans une zone d’élevage traditionnel et dans une zone d’intensification de l’élevage, en particulier pour les porcs, ont montré l’importance
de la circulation de l’hépatite E (surtout en zone d’élevage plus intensif) et de la leptospirose, des zoonoses à transmission hydrique. Ces résultats doivent permettre aux autorités de santé de mieux prendre conscience du risque potentiel de ces maladies négligées et de planifier des mesures de prévention adaptées.
Enfin, au Myanmar, le projet s’est focalisé sur l’accès au diagnostic des infections respiratoires sévères, principale cause de mortalité infantile dans le pays, dans un contexte d’ouverture récente des frontières qui rendait nécessaire le renforcement des capacités de diagnostic et de surveillance des pathogènes circulant dans la région. ECOMORE a donc accompagné le Laboratoire national de santé (NHL) et deux des principaux hôpitaux pédiatriques de Yangon en fournissant le matériel et les formations nécessaires. Ces structures de santé sont aujourd’hui capables de gérer la surveillance de la circulation des principaux germes respiratoires.
La deuxième phase du projet, appelée « ECOMORE 2 » a été validée. Ce projet sera encore plus ambitieux, intégrant un nouveau pays partenaire, les Philippines, et une composante transversale sur le rôle du changement climatique dans l’émergence des maladies infectieuses.
En savoir plus: www.ecomore.org
ECOMORE est soutenu par l’Agence française de développement