Si le confinement, mis en place au cours du printemps 2020, a permis de freiner la circulation du coronavirus, il a eu aussi des effets sur d’autres maladies transmissibles. Des chercheurs de l’Institut Pasteur se sont intéressés aux répercussions de cette période sur les maladies causées par des méningocoques. Pour cela, ils ont comparé le nombre de cas entre le 01 janvier et le 15 mai en 2019 avec le nombre de cas sur la même période en 2020. Voici les premiers éléments d’analyse.
Les méningites sont des infections graves et foudroyantes des enveloppes entourant le cerveau, les méninges (lire la fiche maladie « Méningites à méningocoques » de l’Institut Pasteur). Elles sont causées par plusieurs types de virus, de bactéries et de champignons. Les méningocoques (autre nom de la bactérie Neisseria meningitidis) constituent les causes majeures de méningites aiguës, et ont un fort potentiel épidémique. Leurs conséquences sont souvent dramatiques, avec des séquelles handicapantes dans au moins 20% des cas, et un taux de mortalité à 10% malgré le traitement. Non traitées, elles aboutissent au décès dans presque 100 % des cas.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont observé l’évolution du nombre de cas des maladies à méningocoque pendant le confinement. « Le nombre de cas a drastiquement baissé par rapport à l’année passée pour certaines de ces maladies, comme la méningite chez l’enfant, mais a augmenté pour d’autres formes, comme la pneumonie », observe le Dr Muhamed-Kheir Taha, chercheur à l’Institut Pasteur, responsable de l’unité Infections bactériennes invasives et du centre national de référence (CNR) Méningocoques et Haemophilus influenzae.
Evolution du nombre de cas de méningites et pneumonies à méningocoques entre 2019 et 2020
« Pour les formes où le nombre de cas a diminué, cela pourrait s’expliquer par le confinement et les mesures de distanciation physique, qui limiteraient la transmission de ces bactéries », poursuit-il. Quant à l’augmentation des cas de pneumonie, le chercheur estime qu’on peut faire l’hypothèse que le coronavirus prédispose à ce type d’infection. Des synergies entre virus et bactérie ont, en effet, déjà été observées avec la grippe A et analysées par l’équipe du Dr Taha. « Seules des recherches plus approfondies permettront de prouver, ou discréditer, cette théorie. » De plus, du fait de cette augmentation des cas de pneumonie à méningocoques, l’intérêt de la vaccination des plus de 65 ans contre ces bactéries se pose (et non plus seulement chez les enfants).
Source
Impact of COVID-19 pandemic and the lockdown on invasive meningococcal disease, BMC Research Notes volume 13, Article number: 399 (2020)
Muhamed-Kheir Taha, Ala-Eddine Deghmane
Invasive Bacterial Infections Unit and the National Reference Centre for Meningococci and Haemophilus influenzae, Paris, France
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.