Ludovic Tailleux reçoit le 14ème prix Georges, Jacques et Elias Canetti, pour ses travaux sur les mycobactéries responsables de la tuberculose

Communiqué de presse
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Ce 9 décembre, Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur et Françoise Canetti ont remis le 14ème prix Georges, Jacques et Elias Canetti, à Ludovic Tailleux, chercheur à l’Institut Pasteur, pour ses travaux sur les mycobactéries responsables de la tuberculose. La comédienne et écrivaine Macha Méril a lu, à cette occasion, un texte écrit par le professeur Georges Canetti sur la tuberculose.

Depuis sa création en 2006, le prix Georges, Jacques et Elias Canetti récompense chaque année des scientifiques de l’Institut Pasteur pour leurs travaux dans le domaine des maladies infectieuses. Le lauréat 2019 est Ludovic Tailleux. Après avoir reçu le prix Jacques Monod en 2003, il voit récompenser ses travaux sur Mycobacterium tuberculosis, une mycobactérie.

Ludovic Tailleux © Institut Pasteur/François Gardy

La tuberculose multi-résistance, un défi pour la recherche

La tuberculose reste un problème majeur de santé publique et représente une menace pour la sécurité sanitaire. D’après les dernières estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, 1,5 million de personnes décèdent chaque année des suites de la maladie, et 10 millions de nouveaux cas ont été reportés dans le monde en 2018.

« La tuberculose a été une maladie familiale. Ma grand-mère Mathilde en était atteinte et en voulant la soigner, mon oncle Georges Canetti (chercheur à l’Institut Pasteur) a contracté cette maladie. Notre prix soutient résolument les travaux tels que ceux de Ludovic Tailleux. Ces chercheurs mènent une guerre sans merci contre une  nouvelle forme de tuberculose « multi-résistante » qui provoque aujourd’hui 400 000 cas dans le monde1 », a rappelé Françoise Canetti, co-fondatrice du Prix Georges, Jacques et Elias Canetti.

La lutte contre la tuberculose est freinée par le fait qu’un vaccin efficace n'est toujours pas disponible et que les traitements antibiotiques sont longs, avec des effets secondaires importants. Par ailleurs, des souches de M. tuberculosis résistantes aux antituberculeux de première ligne émergent continuellement. En 2018, environ 400 000 personnes ont ainsi développé une tuberculose multi-résistante. De nouvelles stratégies sont donc nécessaires pour lutter contre l'apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques, raccourcir la durée du traitement et limiter ses effets secondaires.

Les travaux de recherche de Ludovic Tailleux s’inscrivent dans ce contexte. Ses travaux de thèse réalisés en collaboration avec Jean-Louis Herrmann, Olivier Neyrolles et Olivier Schwartz ont contribué à une meilleure compréhension du comportement de M. tuberculosis dans les cellules dendritiques humaines (cellules clés pour induire une réponse du système immunitaire) et ont permis d’identifier le principal récepteur de M. tuberculosis à la surface de ces cellules. Pour ces travaux, il a reçu le prix Jacques Monod en 2003.

Après sa thèse, Ludovic Tailleux a intégré l'unité de Génétique mycobactérienne dirigée par Brigitte Gicquel (Prix Canetti en 2008) à l’Institut Pasteur, où il est recruté en 2006 comme chargé de recherche. En collaboration avec Lluis Quintana-Murci à l’Institut Pasteur (Prix Canetti en 2009) et Luis Barreiro (Université de Chicago), Ludovic Tailleux a publié une série d'articles sur les mécanismes de régulation de l’expression des gènes dans les cellules humaines infectées par M. tuberculosis.

En 2018, il intègre l'unité de Pathogénomique mycobactérienne intégrée, dirigée par Roland Brosch (Prix Canetti 2007). Son nouveau programme de recherche vise à identifier des molécules qui augmenteraient la résistance des cellules à l’infection et/ou qui augmenteraient l’efficacité des antibiotiques.

« Je suis très heureux de recevoir ce prix, qui récompense un travail d’équipe et de collaborations. Il rend hommage à Georges Canetti, chercheur de l’Institut Pasteur, qui travaillait lui aussi sur des mycobactéries pathogènes. Ce qui me touche d’autant plus », a déclaré Ludovic Tailleux.

1https://www.who.int/tb/global-report-2019


Le prix Georges, Jacques et Elias Canetti

Le prix Georges, Jacques et Elias Canetti est né en 2006 suite à la donation par la famille Canetti à l’Institut Pasteur de 158 lettres manuscrites échangées entre les trois frères Canetti : Georges, médecin et chercheur, Jacques, producteur musical et Elias, prix Nobel de littérature. Ce prix est un hommage au Professeur Georges Canetti, chercheur à l’Institut Pasteur de 1946 à 1971. Il soutient ainsi le talent, encourage la création, et met en lumière l’importance des travaux des chercheurs.

Georges Canetti consacra toute sa vie à l’étude de la tuberculose et fut notamment l’un des pionniers des traitements consistant à associer plusieurs antibiotiques (les bithérapies, puis les trithérapies). Il a mis au point une méthode d’antibiogramme toujours utilisée et découvert une mycobactérie rare qui porte aujourd’hui son nom : Mycobacterium canettii.

© DR, Elias Canetti, Jacques Canetti, Georges Canetti

Le prix Georges, Jacques et Elias Canetti est financé par la famille Canetti et ses amis, et ouvert aux dons publics. Depuis 2006, ce prix a permis de soutenir les travaux de :

  • 2006 Pedro ALZARI, pour ses travaux visant à identifier et à caractériser de nouvelles cibles thérapeutiques contre la tuberculose.
  • 2007 Roland BROSCH, pour ses recherches sur la mise au point d’un vaccin plus protecteur que l’actuel BCG.
  • 2008 Brigitte GICQUEL, pour ses recherches sur les interactions entre le bacille de la tuberculose et les cellules de l’hôte infecté en vue de développer des moyens de prévention et de traitement.
  • 2009 Lluis QUINTANA-MURCI, pour son étude mettant en évidence un facteur génétique de protection contre la tuberculose.
  • 2010 Caroline DEMANGEL, pour ses travaux améliorant la compréhension des interactions entre mycobactéries et système immunitaire de l’hôte.
  • 2011 Françoise DROMER, pour saluer et encourager ses recherches sur la cryptococcose, une infection grave et fatale en l’absence de traitement.
  • 2012 Claude LECLERC, pour ses recherches portant sur de nouvelles stratégies vaccinales notamment pour les vaccins contre la tuberculose et pour deux vaccins anti-cancer en cours d’essai clinique.
  • 2013 François-Xavier WEILL, pour ses travaux sur les salmonelles et certaines espèces d’Escherichia coli afin de lutter et de prévenir les infections alimentaires.
  • 2014 Fernando ARENZANA, pour ses travaux sur le SIDA mettant en évidence le rôle des chimiokines qui offrent de nouvelles perspectives thérapeutiques.
  • 2015 Claude PARSOT, pour ses travaux sur la shigellose, une maladie diarrhéique qui sévit dans les régions tropicales.
  • 2016 Laleh MAJLESSI, pour ses recherches sur les interactions entre le système immunitaire de l’hôte et les mycobactéries, afin de contribuer à la mise au point de nouveaux candidats vaccins contre la tuberculose.
  • 2017 Javier PIZARRO-CERDA, pour ses travaux sur la bactérie Listeria monocytogenes, responsable de la listériose
  • 2018 Nadia NAFFAKH, pour ses recherches sur les virus influenza, responsables de la grippe.
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