La Fondation BTP PLUS, fondation paritaire représentant la branche du BTP (Bâtiment et Travaux Publics), a signé au printemps un accord de mécénat avec l’Institut Pasteur pour soutenir un projet de recherche mené par Frédéric Tangy, chercheur de l’Institut Pasteur, et qui vise à lutter contre le cancer du mésothéliome, un cancer provoqué par l’amiante touchant notamment les personnels travaillant dans le BTP.
La Fondation BTP PLUS, créée en 2005 sous l’égide de la Fondation de France, subventionne des projets sociaux innovants concernant les salariés, anciens salariés ou futurs salariés du BTP, favorisant l’autonomie des personnes et la promotion sociale dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics. En 2018, la fondation BTP PLUS a lancé un appel à projets dans la catégorie « santé » et a attribué son soutien à un projet de recherche mené au sein de l’Institut Pasteur et destiné à une piste thérapeutique très innovante qui pourrait permettre de limiter le développement du « cancer de l’amiante » chez les salariés et retraités du BTP. Le mésothéliome pleural malin (MPM) ou cancer de l’amiante est une tumeur de la cavité pleurale survenant des décennies après l'exposition à l’amiante.
Ce cancer professionnel est mortel dans la plupart des cas. La survie médiane des patients est inférieure à un an, et la survie globale à 5 ans est inférieure à 5%. Actuellement, on estime à 1000-1200 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France et à environ 1500 personnes, le nombre d’individus qui meurent chaque année de MPM. Santé publique France (anciennement Institut de veille sanitaire) estime à 100 000 le nombre de décès d’ici 2050. La même situation est observée dans de nombreux pays européens, aux Etats-Unis et dans le monde. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un « tsunami d’amiante » est attendu en Chine et en Asie du Sud-Est.
Un ambitieux projet pour lutter contre le mésothéliome
Le projet de recherche mené par Frédéric Tangy, responsable du laboratoire Génomique virale et vaccination à l’Institut Pasteur, s’inscrit dans une ère totalement nouvelle qui s’ouvre dans le traitement du cancer : la manipulation de l’environnement tumoral pour aider le propre système immunitaire du patient à combattre sa tumeur. « Parmi ces traitements révolutionnaires, les virus sont des armes idéales pour cibler les cellules cancéreuses et promouvoir la mort cellulaire immunogène du cancer », explique Frédéric Tangy.
Les chercheurs ont donc mis au point un nouveau traitement contre le cancer comme une alternative aux thérapies conventionnelles. Il s’agit d’utiliser un virus capable de tuer spécifiquement les cellules tumorales tout en préservant les cellules saines, en l’occurrence le virus vaccinal de la rougeole. En induisant également une immunité anti-tumorale, ce traitement basé sur un vaccin pédiatrique sans aucun effet secondaire est supposé aider le patient à combattre lui-même son cancer.
Les objectifs du projet visent à :
- développer la recherche fondamentale pour comprendre le mécanisme d'action du virus, des informations permettant de sélectionner les patients sensibles au traitement par le virus ;
- effectuer une partie des études précliniques réglementaires requises avant les essais cliniques pour le nouveau traitement par le virus.
Le soutien de la Fondation BTP PLUS permettra notamment d’accéder plus rapidement aux études précliniques.
En cas de succès, cette nouvelle piste thérapeutique pourrait s’appliquer à d’autres cancers comme ceux de la vessie, de l’ovaire, et du poumon, ce qui fait d’ailleurs l’objet d’autres programmes de recherche de l’unité de Génomique virale et vaccination.
Cette étude entre dans le cadre de l’initiative Cancer du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.