Les cellules tueuses naturelles (NK) sont principalement étudiées pour leur capacité à éliminer les cellules cancéreuses ou infectées par des virus. Des chercheurs ont démontré que ces cellules NK ont également des propriétés particulières leur permettant de défendre l’organisme contre une bactérie mortelle, faisant d’elles une potentielle alternative aux antibiotiques.
Les cellules tueuses naturelles NK (Natural Killers en anglais) sont des globules blancs capables de détecter et détruire les cellules cancéreuses ou infectées par un virus. Elles ont par exemple récemment démontré leur importance lors de traitements par immunothérapie de plusieurs cancers, et sont aussi étudiées pour développer de nouveaux traitements face au virus du sida. En revanche, face aux maladies d’origine bactérienne, leur rôle est beaucoup moins étudié et reste mal connu.
Les cellules NK ont une mémoire des infections passées
Dans une étude parue le 24 juillet 2023 dans la revue PLOS Pathogens, des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Cité ont cherché à comprendre la réponse des cellules NK lors d’une infection par Streptococcus pneumoniae. Aussi nommée pneumocoque, cette bactérie est responsable de pneumonies et de méningites mortelles, et est classée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l’un des 12 pathogènes à combattre en priorité. Tiphaine Camarasa, autrice principale de l’étude et chercheuse au sein de l’unité Chromatine et infection de l’Institut Pasteur dirigée par Mélanie Hamon, nous en dit davantage : « Nous avons montré que les cellules NK sont importantes pour réguler une infection bactérienne, et qu’elles ont une remarquable capacité de mémoire des infections passées. De manière étonnante, les propriétés de mémoire sont spécifiques au pneumocoque et sont maintenues à long terme, au moins 9 semaines après une première infection. Ainsi, lors d’une deuxième infection avec le pneumocoque, les cellules qui ont gardé la mémoire du pneumocoque protègent l’hôte contre une infection mortelle. »
Une mémoire immunitaire transmissible
Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont constaté que cette réponse immunitaire est plus efficace lors d’une seconde infection, les cellules NK mémoires produisant alors plus de molécules cytotoxiques contre le pneumocoque. Forts de ce constat, les chercheurs ont voulu observer ce que ces cellules NK provoqueraient sur des modèles animaux n’ayant jamais rencontré la bactérie. « Durant les trois mois suivants l’introduction de cellules NK chez des souris, leur système immunitaire est devenu capable de se protéger contre le pneumocoque », rapporte Júlia Torné Cortada, chercheuse au sein de l’unité et autrice principale de l’étude.
Ces résultats permettent de mieux comprendre les mécanismes de défense du système immunitaire lors d’une infection au pneumocoque, et d’émettre de nouvelles hypothèses sur des traitements par immunothérapie des infections bactériennes. Les cellules NK et leurs propriétés de mémoire pourraient notamment être envisagées comme thérapies préventives face à des bactéries résistantes aux antibiotiques. L’antibiorésistance compromet en effet notre capacité à traiter les maladies infectieuses courantes, faisant d’elle une menace grandissante pour la santé humaine.
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Résistance aux agents antimicrobiens du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.
Source
Streptococcus pneumoniae drives specific and lasting Natural Killer cell memory, PLOS Pathogens, July 24, 2023