Fièvres typhoïde et paratyphoïde

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Estimation de 14 millions de cas et plus de 130 000 morts par an, dans le monde.

En France, 8 000 à 13 000 souches de Salmonella spp. sont expertisées chaque année par le Centre national de référence (qui existe depuis 1947 à l’Institut Pasteur à Paris).

Parmi ces souches, 100 à 250 sont responsables de fièvres typhoïde et paratyphoïdes.

Quelles sont les causes ?

Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes sont causées par des bactéries appartenant au genre Salmonella, mais dont le réservoir est strictement humain. Ces bactéries appartiennent au sérotype Typhi ou moins fréquemment aux sérotypes Paratyphi A, B ou C. La contamination résulte, le plus souvent de l’ingestion d’eau ou d’aliments ayant subi une contamination fécale d’origine humaine ou d’une transmission directe de personne-à-personne.

Quels sont les symptômes ?

Une à trois semaines après la contamination survient une fièvre continue accompagnée de maux de tête, d'anorexie, d'abattement, de douleurs abdominales avec diarrhée ou constipation et parfois d’une éruption cutanée.

Dans les formes bénignes, l’état reste stationnaire pendant une quinzaine de jours puis la convalescence dure plusieurs semaines. Dans les formes plus graves où des complications peuvent survenir au niveau de l’intestin, du cœur ou du cerveau, la fièvre typhoïde peut être fatale en l’absence de traitement.

Le taux de mortalité est de 10% en l’absence de traitement antibiotique efficace comparé à moins de 1% pour les autres formes de salmonellose

Comment diagnostiquer la maladie ?

Le diagnostic est généralement confirmé par la culture bactériologique du sang (hémoculture), de moelle osseuse ou d'un échantillon de selles (coproculture), qui permet d'isoler les bactéries responsables de la maladie.

Quels sont les traitements ?

Une antibiothérapie appropriée abaisse le risque de mortalité à moins de 1%. Les fluoroquinolones (ciprofloxacine), les céphalosporines de troisième génération ou l’azithromycine sont des antibiotiques de choix pour traiter les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes. Cependant de plus en plus de souches résistantes aux antibiotiques sont isolées, en particulier en Asie du Sud-Est et dans le sous-continent Indien. Ainsi plus de 90 % des souches isolées dans ces régions sont de sensibilité diminuée aux fluoroquinolones (1). Depuis 2018, des souches résistantes à la fois à la ciprofloxacine et aux céphalosporines de troisième génération ont été isolées en France métropolitaine (1). Plus récemment des souches résistantes à l’azithromycine sont apparues. Toutes ces souches originaires d’Asie du Sud sont sous étroite surveillance au CNR.

Comment prévenir la maladie ?

La prévention repose sur la surveillance épidémiologique et la lutte contre le « péril fécal ». La dissémination des bactéries peut être enrayée par : une distribution d’eau de qualité, bactériologiquement contrôlée, le traitement des eaux usées, la généralisation du tout-à-l’égout, le contrôle des zones de récolte des coquillages, la pasteurisation des aliments, beurre et lait en particulier et le respect strict des règles d’hygiène pour tous les travailleurs du milieu de la restauration.

Des vaccins anti typhoïdique administrés par injection (unique) ou par voie orale (trois prises), peuvent être recommandés chez les voyageurs. L’effet protecteur dure environ 3 ans et le taux de protection en zone d’endémie est de l’ordre de 60%. Cette vaccination vient toutefois en complément des mesures essentielles d’hygiène générale vis-à-vis de l’eau et des aliments et du lavage des mains.

Quelle population est touchée ?

Les fièvres typhoïde et paratyphoïdes sont causées par des sérotypes de Salmonella strictement adaptés à l'homme, majoritairement Typhi, puis par ordre de fréquence décroissante, Paratyphi A, certaines souches de Paratyphi B et Paratyphi C. La contamination se fait par ingestion d’eau ou d’aliments ayant subi une contamination fécale d’origine humaine. Comme toutes les maladies à transmission oro-fécale, ces fièvres surviennent le plus souvent dans des zones où l’hygiène est précaire, et frappent principalement les pays en développement en Asie, en Afrique ou en Amérique Latine.

Combien de personnes touchées ?

Les données mondiales les plus récentes font état de plus de 14,3 millions de cas annuels de fièvre typhoïde et paratyphoïdes entraînant plus de 135 000 morts (plus de 20 millions de cas et 230 000 morts en 1990) (2).

La maladie, bien que beaucoup plus rare actuellement, reste toujours présente dans les pays industrialisés.

En France, les fièvres typhoïde et paratyphoïdes sont des maladies à déclaration obligatoire (DO) auprès des instances sanitaires depuis 1903 (https://www.santepubliquefrance.fr). Depuis 2003, 100 à 250 souches de Salmonella Typhi et Paratyphi, isolées en France métropolitaine sont répertoriés chaque année au CNR (1). Ces souches proviennent quasi-exclusivement de cas importés (Afrique et sous-continent Indien). Cependant, deux petites épidémies (7 à 10 cas) en lien avec des lieux de restauration ont été identifiées à Paris en 2003 et 2006. La source de la contamination était à chaque fois liée à la présence dans ces lieux de restauration d’employés porteurs sains de l’infection. L’existence de porteurs sains est une particularité de ces infections. Après guérison d'une fièvre typhoïde, 2 à 5% des individus continuent d’héberger l’agent pathogène (essentiellement au niveau de la vésicule biliaire) et sans signe clinique. A partir de ce réservoir, les bactéries sont excrétées épisodiquement dans les selles et peuvent être donc à l’origine de nouvelles infections de l’entourage. La fièvre typhoïde reste une maladie endémique sur le territoire national à Mayotte. En 2022, 111 cas de fièvre typhoïde confirmés au laboratoire ont été signalés dans ce département français (1).

 


Novembre 2024

 

Sources supplémentaires :

  1. Rapports d'activité du CNR des Escherichia coli, Shigella, Salmonella.
  2. GBD 2017 Typhoid and Paratyphoid Collaborators. The global burden of typhoid and paratyphoid fevers: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet Infect Dis. 2019 Apr;19(4):369-381.

 

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