Le responsable de la grippe est un virus de forme sphérique, hérissé de protéines. Comme tous les virus, il est minuscule, entre 10 et 100 fois plus petit qu’une cellule. Et comme tous les virus, il a besoin d’un hôte, une cellule le plus souvent, pour se multiplier. C’est ainsi, en infectant les cellules qui tapissent les voies respiratoires, qu’il va causer la grippe.
À l’origine de la grippe, un virus
Plus spécifiquement, le virus de la grippe est un influenzavirus de la famille des Orthomyxoviridae. Cette particule sphérique mesure environ 100 nanomètres de diamètre (1) et son génome se présente, non pas sous la forme de pelotes d’ADN, comme chez l’homme, mais sous la forme de 8 brins d’ARN. En surface, ses glycoprotéines (hémagglutinine et neuraminidase) lui permettent d’entrer dans les cellules-hôtes, et de diffuser vers les autres cellules.
Chez l’homme, les virus de la grippe responsables des épidémies saisonnières appartiennent à deux groupes distincts : le type A – également responsable des grandes pandémies comme la grippe espagnole en 1918 – et le type B. Les virus de type A sont divisés en deux sous-types : A(H1N1)pdm09 et A(H3N2). Les virus du type B sont divisés en deux lignages : B Yamagata et B Victoria. Tous les quatre circulent actuellement dans le monde.
La particularité de ces virus est leur grande variabilité génétique : ils ont une fâcheuse tendance à muter, à se transformer au fur et à mesure des infections. « Ce mécanisme de mutation est, en fin de compte, un mécanisme d’adaptation mis en place par le virus pour réussir à franchir la barrière de l’immunité et survivre », commente Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence Virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur (Paris). Et c’est précisément en raison de cette évolution génétique permanente que le combat contre cette maladie est si difficile et que nous pouvons contracter, chaque année, une nouvelle grippe.
Le rhinopharynx pour cible première
Mais revenons aux virus et à leur mode d’action. Les virus de la grippe rentrent dans l’organisme par le nez et la bouche, et commencent par envahir les voies respiratoires supérieures. Grâce à certaines protéines de leur enveloppe, les virus s’accrochent à la surface des cellules de la muqueuse respiratoire, y pénètrent et détournent la machinerie cellulaire pour se multiplier. Les nouveaux virus sortent de la cellule, entraînant sa mort, et vont infecter les cellules voisines.
Les virus ne s’aventurent généralement pas dans les parties basses du système respiratoire, car la température y est trop chaude. Ils préfèrent proliférer à proximité de la sortie, c’est-à-dire dans la cavité nasale. Chez les personnes en bonne santé, le système immunitaire va se mettre en ordre de bataille et les virus seront neutralisés en 4 ou 5 jours. La plupart du temps la grippe se guérit ainsi en 1 à 2 semaines (2). Par contre, chez les personnes qui ont un système immunitaire défaillant, les virus vont avoir l’opportunité de s’aventurer plus loin dans l’organisme, dans les poumons par exemple. La grippe peut alors devenir sévère.
La grippe est une infection respiratoire qui peut donc entraîner des complications chez les plus fragiles (personnes âgées de plus de 65 ans, femmes enceintes, obèses morbides, diabétiques, immunodéprimées, personnes atteintes de pathologies chroniques et nourrissons), comme une surinfection bactérienne ou l’aggravation d’une maladie déjà existante. En France, la grippe cause ainsi entre 9 000 et 15 000 décès par an, plus de 90 % d’entre eux survenant chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Virus saisonnier vs virus pandémique
Dans les régions tempérées, les épidémies saisonnières de grippe surviennent entre novembre et avril dans l’hémisphère nord, et entre avril et octobre dans l’hémisphère sud. Mais malgré cette saisonnalité, on ne sait jamais quand une épidémie va démarrer, combien de temps elle va durer, ni même quels virus vont circuler puisque leur génome évolue tout le temps. En France, la grippe saisonnière touche 2 à 8 millions de personnes et est responsable de 10 000 à 15 000 décès chaque année.
Si la plupart du temps, les souches en circulation induisent des épidémies saisonnières, l’apparition d’un nouveau virus de type A, pour lequel aucune protection n’existe dans la population, peut être à l’origine d’épidémie de très grande envergure, qualifiée de pandémie. En effet, le génome des virus du groupe A peut subir des transformations tellement importantes qu’elles conduisent à l’apparition d’un nouveau virus. « Cela peut se produire lorsqu’un hôte est simultanément infecté par deux virus influenza de même type, d’origine animale et/ou humaine, illustre Sylvie Behillil, responsable adjoint du Centre national de référence Virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur (Paris). Il va y avoir un remaniement des gènes et la production d’un nouveau virus. »
« Face à lui, la population va être complétement démunie d’un point de vue immunitaire et risque d’être confrontée à une pandémie », poursuit Vincent Enouf. C’est ainsi que certains nouveaux virus sont apparus, plus virulents ou résistants que leurs prédécesseurs, causant des pandémies dramatiques : grippe espagnole en 1918 (20 à 40 millions de morts), grippe asiatique en 1957 (4 millions de morts) et grippe de Hong Kong en 1968 (2 millions de morts). La dernière pandémie date de 2009, le virus en cause étant désormais responsable des épidémies saisonnières A(H1N1)pdm09.
Voir aussi : Comment soigner la grippe ?