Aspergillose

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L'Aspergillose pulmonaire invasive est la troisième cause d’infection fongique invasive en France avec un taux de mortalité élevé, situé entre 50 et 80%.

Sarah Dellière, chercheuse dans l'unité Immunobiologie d'Aspergillus, répond à nos questions sur l'Aspergillus et les infections fongiques invasives.

Quelles sont les causes ?

Les Aspergillus sont des champignons saprophytes de l’environnement qui se développent aux dépens des végétaux en décompensation dans les sols. Aspergillus fumigatus est l’espèce la plus souvent impliquée en pathologie humaine.

Comment se transmet le champignon ?

L'aspergillose n'est pas contagieuse entre individus. La transmission se fait par inhalation de spores d’Aspergillus présentes dans l’air. Chez les individus sains, le champignon est rapidement éliminé. Aspergillus devient pathogène chez les patients avec une maladie pulmonaire chronique ou une immunodépression, le plus souvent induite par des traitements.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de l'aspergillose varient considérablement selon le type d’infection, le poumon étant l’organe le plus fréquemment touché. Ils peuvent inclure des symptômes respiratoires tels que la toux, une difficulté à respirer, des douleurs thoraciques mais également des signes généraux comme de la fièvre. Dans certains cas l’aspergillose peut se disséminer et être présente dans d’autres organes comme le cerveau.

Quelles sont les différentes formes d’aspergillose ?

Selon le terrain du patient, Aspergillus peut être responsable de plusieurs maladies :

  • L’aspergillose broncho-pulmonaire allergique (ABPA), survenant majoritairement chez des patients asthmatiques ou suivis pour une mucoviscidose, résulte à la fois d’un défaut d’élimination des spores et d’une réaction excessive du système immunitaire du patient contre le champignon.
  • Les aspergilloses pulmonaires chroniques touchent les patients présentant une pathologie pulmonaire préexistante telles qu’une caverne (séquelle de tuberculose), ou une BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive). Elles peuvent se présenter sous la forme d’aspergillome ou d’aspergillose chronique cavitaire.
  • L'aspergillose invasive concerne principalement les patients immunodéprimés (comme les neutropéniques, ou les patients ayant subi une allogreffe de moelle osseuse). Elle se caractérise par une infection sévère, avec une invasion du poumon par le champignon. L’infection peut être disséminée à d’autres organes dans cette forme. Il existe une forme d’aspergillose invasive pulmonaire associée aux infections virales sévères (grippe, SARS-CoV-2) en réanimation.

Comment diagnostiquer l’infection ?

L’aspergillose invasive est une infection difficile à diagnostiquer en raison de la similarité de ses symptômes avec ceux d’une infection bactérienne. L’imagerie thoracique notamment le scanner est un outil précieux pour aider au diagnostic, notamment chez les patients immunodéprimés. Le diagnostic microbiologique repose sur la combinaison de plusieurs marqueurs dont la culture, la détection d’antigènes ou ADN fongique particuliers (l’antigène galactomannane ou PCR Aspergillus) dans le sérum ou les prélèvements respiratoires profonds.

Quels sont les traitements ?

  • L’aspergillose bronchopulmonaire allergique : Le traitement est basé sur l’emploi de corticostéroïdes parfois en association à un traitement antifongique administré oralement.
  • L’aspergillose pulmonaire chronique : Le traitement dépend de la taille des lésions et de leur localisation. Il peut aller de la surveillance active à un traitement antifongique, voire une intervention chirurgicale. Les hémoptysies (crachats de sang) sont un signal d’alarme devant amener à la consultation en urgence et une prise en charge spécifique.
  • L’aspergillose invasive : Le traitement de première intention est un antifongique de la famille des azolés, comme le voriconazole ou l'isavuconazole, à administrer dès que l'infection est suspectée. Le posaconazole ou l’amphotéricine B sont des traitements de 2e intention.  L’émergence d’Aspergillus résistants à ces molécules azolés est un problème émergent dans certains pays en rapport avec l’utilisation large d’azolés dans l’agriculture. Ce phénomène reste actuellement limité en France. La gestion de la maladie sous-jacente et le renforcement du système immunitaire sont également des composants cruciaux du traitement.

Comment prévenir l’infection ?

Il n’existe pas de vaccin contre cette infection. Une prophylaxie est essentielle, chez les patients à haut risques comme les patients allo-greffés de moelle osseuse ou on utilise le posaconazole en 1e intention.

Combien de personnes touchées ? 

L'Aspergillose pulmonaire invasive est la troisième cause d’infection fongique invasive en France avec un taux de mortalité élevé, situé entre 50 et 80%.


Septembre 2024

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