La grippe est très contagieuse. En effet, le virus de la grippe passe d’un individu à l’autre de façon extrêmement efficace. À chaque fois que vous toussez ou que vous éternuez, des milliers de gouttelettes – dont la plus petite peut contenir des centaines de virus (3) – sont émises dans l’environnement à plusieurs mètres de distance (4). Ce nuage de gouttelettes, porté par l’air, peut alors contaminer une autre personne en s’introduisant dans son organisme par le nez ou la bouche. C’est la transmission directe.
Éternuer, tousser… et même parler
Et il n’est pas forcément nécessaire de tousser pour polluer son environnement. Le simple fait de parler permet de propulser des gouttelettes contaminées vers l’extérieur. D’où l’importance de couvrir sa bouche avec un masque quand on est malade – la période de contagion démarre un jour avant l’apparition des premiers symptômes et dure jusqu’à 7 jours –, voire de rester chez soi pour éviter de contaminer les autres. Encore plus interpellant : une étude récente publiée dans PNAS révèle que des microparticules virales seraient transmises simplement… en respirant (5).
Les microgouttelettes émises par un malade peuvent également se déposer sur différentes surfaces. Or les virus, s’ils sont dans de bonnes conditions, peuvent survivre jusqu’à 24 heures. « Les virus aiment le froid et l’humidité, Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence Virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur (Paris). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils se multiplient dans un premier temps dans notre nez où il fait plus frais ». Ainsi, la transmission du virus de la grippe peut se faire par manuportage, en pianotant par exemple sur le clavier d’un distributeur préalablement contaminée par une personne malade.
À vos souhaits !
La toux ou l’éternuement sont provoqués par l’irritation de la muqueuse, et permettent, au passage, d’expulser des centaines de virus vers l’extérieur (3). De la même façon, le nez qui coule, via la sécrétion de mucus par la muqueuse nasale, aident à évacuer les virus.
Promiscuité et contamination
Bien évidemment, la promiscuité favorise la transmission. Les métros bondés, les salles d’attente, les écoles, etc. sont des lieux qui favorisent la dissémination du virus de la grippe. De façon plus générale, les grandes villes sont les premières touchées par les épidémies, puisqu’elles concentrent la population.
Il est donc important, notamment lors des pics d’épidémie, d’adopter un certain nombre de gestes de prévention pour enrayer la transmission. Des mesures de protection individuelle comme de couvrir sa bouche quand on éternue ou que l’on tousse, s’imposent pour éviter d’infecter les personnes de son entourage proche. Tout comme le lavage des mains réguliers, important en situation épidémique.
Parallèlement, l’essor de l’élevage intensif et du commerce international, avec le transport d’hommes et de marchandises, favorisent l’émergence de nouvelles niches pour les pathogènes et pour les virus de la grippe en particulier.
Inventaire à la Prévert… des nids à microbes
Poignée de porte, pièce et billet, téléphone portable, clavier d’ordinateur, menu du restaurant, pompe à essence, bouton d’ascenseur, DAB, etc.
Des oiseaux, aux porcs, aux hommes
Si les virus de la grippe de type B ne circulent que chez l’homme, les virus de type A circulent aussi bien chez l’homme que chez différents animaux. On trouve ainsi ces virus grippaux chez les porcs, les oiseaux sauvages et domestiques, les chevaux et, de façon plus rare, chez certains cétacés marins sauvages comme les phoques ou les baleines (3). Les oiseaux servent de réservoir à tous les sous-types de virus de type A, et sont vraisemblablement leur hôte original.
En théorie, les virus animaux ne peuvent pas franchir la barrière d’espèce et contaminer l’homme. Toutefois, les virus de type A présentent de grandes capacités de mutations, et donc d’adaptation, et les élevages intensifs offrent une grande promiscuité entre bêtes et hommes, susceptibles de favoriser leur transmission. Ainsi, à Hong Kong, en 1997, le virus aviaire H5N1 a provoqué pour la première fois des cas humains de grippes, parfois sévères. De la même façon, le virus porcin H1N1 est apparu dans les élevages de porcs, au Mexique, en 2009, et a contaminé l’homme. Ces cas de transmissions inter-espèces sont heureusement très rares.
« Le passage d’un virus grippal d’un animal à un homme est possible mais rare. Dans le cas du virus A(H5N1), par exemple, une exposition prolongée à des volailles infectées était nécessaire à la transmission à l’homme », résume Vincent Enouf. « Les virus aviaires n’ont pas la capacité d’être transmis d’homme à homme, contrairement au virus saisonnier », complète Sylvie Behillil, responsable adjoint du Centre national de référence virus des infections respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur (Paris).