Quelles sont les causes ?
La dengue est due à un arbovirus (virus transmis par les arthropodes), appartenant à la famille des Flaviviridae, du genre flavivirus, comme le virus West Nile et celui de la fièvre jaune.
Les souches du virus de la dengue se répartissent en quatre sérotypes distincts : DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4. L’immunité acquise en réponse à l’infection par l’un des sérotypes confère une immunité protectrice contre le sérotype infectant mais pas contre les autres sérotypes. En conséquence, un individu est susceptible d’être infecté par chacun des quatre sérotypes de la dengue au cours de sa vie. Des infections ultérieures par d’autres sérotypes accroissent le risque de développer une dengue sévère, dite hémorragique.
Quels sont les symptômes ?
La majorité des personnes infectées ne présentent que de légers, voire aucun symptôme.
La dengue “classique” se manifeste brutalement après 4 à 10 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées et de vomissements. Les symptômes persistent deux à sept jours et l’état de santé de la personne infectée évolue généralement favorablement. La convalescence peut s’étendre sur environ deux semaines. La dengue “classique”, bien que fort invalidante, n’est pas considérée comme une maladie sévère.
Chez certains patients, pour des raisons mal élucidées, le tableau clinique de la maladie peut évoluer vers une dengue “sévère”. Elle apparaît généralement après disparition de la fièvre initiale et se caractérise par deux formes graves :
- La dengue hémorragique : la forme hémorragique représente environ 1% des cas de dengue dans le monde. Outre des douleurs abdominales sévères, des vomissements persistants, les symptômes associés sont des hémorragies multiples, particulièrement gastro-intestinales, cutanées et cérébrales. Chez les enfants de moins de quinze ans notamment, un état de choc hypovolémique (état de choc provoqué par une baisse importante du volume sanguin total) peut s’installer. Il se caractérise par un refroidissement, une moiteur de la peau et un pouls imperceptible signalant une défaillance circulatoire qui peut, sans perfusion, aboutir à la mort du malade.
- La dengue avec syndrome de choc. Cette forme, qui est mortelle, se caractérise par :
o un collapsus circulatoire, c’est-à-dire une faillite profonde de la fonction circulatoire qui se traduit par exemple par un effondrement de la tension, une tachycardie extrême, une pâleur associée quelquefois à une cyanose, etc.
o et une défaillance multiviscérale, c’est-à-dire une dégradation rapide d’un ou de plusieurs organes ou viscères.
Une personne infectée une deuxième fois est plus à risque de développer une dengue sévère.
Comment se transmet le virus ?
Il est transmis à l’humain lors d’une piqûre par les moustiques femelles du genre Aedes, principalement Aedes aegypti, mais aussi parfois le moustique tigre (Aedes albopictus) Lorsqu’un moustique se nourrit du sang d’une personne infectée, le virus se réplique dans son intestin puis atteint les glandes salivaires. Sous certaines conditions, le moustique devient infectieux en quelques jours et peut ensuite contaminer d’autres personnes.
Le virus peut également être transmis, de façon plus rare, d’une femme enceinte à son bébé, par transfusion ou par greffe.
Comment diagnostiquer la maladie ?
Dans tous les cas, un diagnostic précis et rapide est utile afin de confirmer l’infection à la fois pour la prise en charge des patients ainsi que pour les systèmes de surveillance de santé publique afin de lancer l’alerte et renforcer les moyens de lutte contre la propagation du virus.
Le diagnostic repose sur :
- la détection du virus
Plusieurs stratégies peuvent être employées. Le virus peut être isolé par culture cellulaire ; un test sérologique mettant en évidence un antigène spécifique (NS1) peut être entrepris ; un test RT-PCR permettant de détecter le génome du virus peut être effectué.
- la détection des anticorps en réponse à l’infection
Des tests sérologiques permettent de détecter le taux d’IgM et d’IgG. Les IgM apparaissent quelques jours après l’apparition des symptômes et persistent quelques semaines. Les IgG apparaissent peu après les IgM et persistent toute la vie.
Voir la démarche diagnostique recommandée en France sur le site de Santé publique France
Quels sont les traitements ?
Il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue. Les symptômes associés à la maladie sont traités avec des antalgiques. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont à éviter car ils peuvent augmenter le risque de saignement.
Comment prévenir l’infection ?
La prévention repose principalement sur la lutte antivectorielle, c’est-à-dire la lutte contre les moustiques propageant le virus, et des mesures de protection individuelle : éliminer les points d’eau stagnante, utiliser des répulsifs, porter des vêtements couvrants, installer des moustiquaires. Des insecticides peuvent également être employés mais leur utilisation massive peut engendrer des phénomènes de résistance chez les populations de moustiques, les rendant moins efficaces.
Il existe également un vaccin préventif, Dengvaxia®, administré en trois doses espacées de six mois et qui est réservé à des personnes bien spécifiques : personnes âgées de 9 à 45 ans, précédemment infectées par le virus et vivant en zone endémique.
Consulter les recommandations vaccinales de la Haute Autorité de Santé (HAS) contre la dengue
Combien de personnes touchées ?
La dengue est aujourd’hui considérée comme une maladie ré-émergente. Entre 2000 et 2019, le nombre de cas signalés à l’échelle mondiale est passé de 500 000 à 5,2 millions. Si elle était initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde, avec le réchauffement climatique, la globalisation de l’économie et l’augmentation des échanges des biens et des personnes, la dengue atteint de nouvelles zones géographiques. En 2010, elle a touché l’Europe où les deux premiers cas autochtones ont été recensés.
114 cas autochtones ont été recensés en France métropolitaine entre 2010 et 2022.
En 2023, le moustique vecteur est implanté dans 71 départements français et un premier cas de dengue autochtone est confirmé en Île-de-France.
Au premier semestre 2023, l’OMS rapportait près de trois millions de cas et plus de 1300 décès en Amérique latine. À l’échelle mondiale, plus de 4 millions de cas pourraient être recensés en 2023.
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Novembre 2023