Cause
Le sepsis est la conséquence d’une infection grave qui débute généralement localement (péritonite, pneumonie, infection urinaire, infection sur cathéter, etc.). Elle touche souvent des patients dont le système immunitaire est affaibli. Lorsqu’elle se produit après un acte invasif (chirurgie ou autre), on évoque alors une infection nosocomiale.
Toutes les bactéries, même celles présentes naturellement à la surface de la peau ou des muqueuses comme la gorge, normalement non pathogènes, peuvent être responsables de sepsis. Des infections fongiques (causées par des champignons) peuvent également induire une réponse semblable, ainsi que certains virus (SARS, SARS-Cov2 responsable de la Covid-19, influenza H1N1, fièvres hémorragiques). Les méningites à méningocoque (purpura fulminans) sont un des rares exemples de sepsis pouvant survenir chez des personnes jeunes en bonne santé, tout comme les syndromes de choc toxique à staphylocoques suite à l’usage de tampons hygiéniques.
Historique
Avant d’être nommé comme tel, le sepsis a été connu sous différentes appellations. Auparavant, on parlait par exemple de « gangrène (ou pourriture) des hôpitaux (ou nosocomiale) ». Celle-ci affectait souvent les soldats, suite à des blessures de guerre, qui s’infectaient fréquemment. Le plus célèbre de ces cas est sans doute Richard Cœur de Lion, décédé en 1199 après l’infection qui suivit sa blessure par une flèche. Le terme de « fièvre puerpérale » a aussi été utilisé pour désigner une infection survenant chez la femme après l’accouchement. C’est le médecin français Armand Trousseau qui le premier suggéra que la gangrène nosocomiale et la fièvre puerpérale correspondaient à des pathologies semblables.
C’est Ignaz Semmelweis, médecin hongrois qui démontra à Vienne en 1847 l’importance de l’hygiène des mains afin d’éviter la contagion des femmes en couches. Mais la contagiosité avait été soupçonnée dès la fin du 18e siècle par le médecin écossais Alexander Gordon. Ce sont deux médecins alsaciens, Victor Feltz (1835-1893) et Léon Coze (1819-1896), qui les premiers en 1869 démontrèrent la présence de bactéries dans le sang d’une patiente atteinte de fièvre puerpérale, infection mortelle attribuée secondairement à des streptocoques. Louis Pasteur, en collaborant avec les maternités de Port-Royal, Cochin et Lariboisière, confirma ces observations en 1879-1880 et préconisa l’hygiène lors des accouchements.
Symptômes
En 2002, le sepsis a été défini comme syndrome caractérisé par une réponse inflammatoire généralisée d’origine infectieuse. En 2016, la définition a été revisitée, et aujourd’hui le sepsis est considéré comme un dysfonctionnement d'organes potentiellement mortel, résultant d’une réponse dérégulée de l'hôte à l'infection, et dont la forme la plus grave est le choc septique.
Le sepsis s’accompagne d’une production exacerbée de médiateurs inflammatoires. On parle par exemple d’un « orage cytokinique » pour évoquer la production massive de cytokines (médiateurs chimiques qui permettent la communication entre nos cellules), qui affectent le fonctionnement des organes vitaux de manière aigue, et peuvent entrainer des séquelles fonctionnelles à plus long terme. Ainsi, environ 25% des patients qui survivent à un sepsis présentent des altérations cognitives plus de 3 mois après.
Epidémiologie
Aujourd’hui, le sepsis touche surtout les âges extrêmes de la vie, les nouveau-nés (sepsis néonatal) et les seniors. L’état septique est responsable d’un décès sur 5 dans le monde, d’après l’organisation mondiale de la santé (OMS). On dénombre 49 millions d’états septiques chaque année, dont près de la moitié concernent des enfants. L’infection est contractée à l’hôpital pour la moitié des patients environ. Dans les pays industrialisés, le sepsis représente autant de décès que l’infarctus du myocarde. Dans les pays en développement, le sepsis puerpéral demeure une cause de mortalité importante des femmes après leur accouchement.
En France, le nombre de cas annuel de sepsis d’origine bactérienne est estimé à 250 000-300 000, auxquels s’ajoutent les sepsis d’origine fungique ou virale. La mortalité des patients hospitalisés pour un sepsis est de 25%, mais la mortalité du choc septique peut atteindre 50% et l’on estime à plus de 60 000 le nombre de décès annuel consécutifs au sepsis en France. Les projections dans l’avenir suggèrent un doublement du nombre de cas d’ici cinquante ans, s’expliquant notamment par le vieillissement de la population. En 2017, l’OMS a attiré en 2017 l’attention des états membres sur l’importance du problème pour la santé publique, en émettant une résolution les encourageant à améliorer les données épidémiologiques, les stratégies de prévention, de diagnostic et de traitement ainsi que la recherche sur le sepsis.
Traitement
Les patients atteints de sepsis sont généralement admis en soins intensifs, où ils reçoivent des antibiotiques et les supports nécessaires au maintien des fonctions vitales.
Depuis plus de vingt ans, malgré des progrès considérables accomplis dans la compréhension de la physiopathologie associée au sepsis, aucune nouvelle thérapie spécifique au sepsis n’a vu le jour. De très nombreux essais cliniques coûteux se sont achevés par des échecs, et le seul nouveau médicament autorisé spécifiquement dans cette indication (Xigris®) a été finalement retiré en 2011, faute d’une démonstration convaincante de son efficacité. De nouveaux concepts thérapeutiques doivent donc être élaborés à partir d’une connaissance plus fine des mécanismes physiopathologiques impliqués dans le sepsis ; des tests de diagnostic plus rapide des sepsis d’origine bactérienne permettraient également une mise sous antibiotiques plus précoce. Ce dernier élément demeure fondamental, car chaque heure gagnée améliore les chances de survie. Les développements récents associés à la pandémie due au virus SARS-Cov2 suggèrent cependant un effet bénéfique de certains traitements dirigés contre l’inflammation excessive associée aux sepsis d’origine virale (corticothérapie, anticorps monoclonaux anti-cytokines).
De nouvelles armes contre les bactéries
Septembre 2021