Dans le cadre de sa mission de surveillance des virus respiratoires sur le territoire français, l’Institut Pasteur mobilise ses équipes, notamment via le centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires. Son rôle est d’identifier et confirmer les suspicions d’infection respiratoires aiguës liées au nouveau coronavirus apparu à Wuhan, en Chine, en décembre 2019, et dont le bilan s’alourdit chaque jour en ce début d’année. L’épidémie survient, à l’aube du Nouvel An chinois, moment où des dizaines de millions de personnes transitent en Chine et à travers le monde.
- 22 janvier 2020, 10h -
Une pneumonie inconnue est apparue en Chine, en décembre 2019. Le virus en cause est un coronavirus appelé 2019 n-CoV (voir la fiche maladie sur SARS-CoV-2). Il ressemble à un autre coronavirus, celui du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), responsable de la première maladie grave et transmissible du XXIe siècle, qui avait émergé en Chine fin 2002 puis avait éclaté au niveau mondial en 2003, faisant plus de 8000 cas et près de 800 morts (voir la fiche maladie Sras). Le coronavirus 2019 n-CoV est identique à 80% au SARS-CoV mais on ne sait pas aujourd’hui s’il sera aussi virulent. « Et comme pour le Sras, on pense que sa source est d’origine animale, mais lequel précisément, on ne sait pas encore », explique Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, dans Le Parisien1.
Le 21 janvier 2020 à la mi-journée, la Chine a annoncé trois nouvelles victimes du coronavirus 2019 n-CoV, portant le bilan à six morts. Le 22 janvier, on dénombre 9 morts. Les victimes sont pour l’instant des personnes âgées et/ou avec des comorbidités associées. Des cas ont été confirmés au Japon, en Thaïlande, aux Etats-Unis, et des cas suspectés en Australie et aux Philippines. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit donc tenir une réunion d’urgence le mercredi 22 janvier. D’autant que des scientifiques britanniques, d’un centre collaborateur de l’OMS, ont annoncé le 17 janvier que près de 1700 personnes pourraient avoir été contaminées2, selon une étude de modélisation.
- L’Organisation mondiale de la santé (OMS) répertorie tous les cas confirmés d’infection à ce nouveau coronavirus signalés et met à jour son site internet régulièrement.
En France, l’Institut Pasteur est prêt à l’éventualité d’un cas qui surviendrait sur le territoire, avec son CNR des virus respiratoires et sa Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU). « La Chine a rapidement séquencé l’ADN du virus dont elle a communiqué les spécificités pour que chaque pays s’organise, mette au point un diagnostic et identifie, le cas échéant, les sujets porteurs », explique Sylvie Behillil, responsable adjointe de ce CNR à l’Institut Pasteur, dans le journal Les Echos3. L’Institut Pasteur est capable d’identifier 2019 n-CoV parmi la grande famille des coronavirus. Il peut répondre 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à la demande des autorités sanitaires. « Il pourrait y avoir sans doute une contamination interhumaine, donc nous pouvons envisager la survenue potentielle d’une épidémie », précise Vincent Enouf, responsable adjoint du CNR à l’Institut Pasteur, dans un reportage sur TF14.
- La situation internationale est suivie avec attention par les autorités sanitaires françaises et un point régulier est fait afin de partager l’analyse de risque avec l’ensemble des acteurs nationaux. Un point épidémiologique est publié régulièrement sur le site de Santé publique France.
- En France, toute personne présentant une infection respiratoire aiguë (fièvre, toux, difficultés à respirer) dans les 15 jours après être revenue d’un séjour en Chine doit faire le 15 qui décidera de la conduite à tenir.
- Conduite à tenir au 22 janvier 2020 -
Dans le cadre des missions définies par l’arrêté du 7 mars 2017 (fixant les modalités de désignation et les missions des CNR), le CNR des virus des infections respiratoires (dont la grippe) « est désigné par le ministère en charge de la santé, et plus particulièrement par la direction générale de la santé et par Santé publique France, pour apporter une expertise sur les principaux virus respiratoires responsables de syndromes grippaux pouvant constituer des diagnostics différentiels de la grippe », mission que rappelle la page consacrée à ce centre national de référence sur pasteur.fr.
Rappelons qu’en 2003, grâce à une mobilisation internationale sans précédent, motivée par l’alerte mondiale déclenchée par l’OMS, l’agent causal du Sras, un coronavirus inconnu jusqu’alors, avait pu être rapidement identifié, et l’épidémie être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. L’épidémie actuelle de 2019 n-CoV rappelle celle du Sras : « Il s’agissait de pneumopathies probablement plus sévères que ce que l’on voit aujourd’hui avec ce virus. Il est difficile de savoir encore aujourd’hui quelle efficacité aura la transmission interhumaine et donc à quelle vitesse l’épidémie va progresser », a indiqué Arnaud Fontanet dans une interview sur Europe 15.
- Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, dans Le Parisien, le 20 janvier 2020.
- Estimating the potential total number of novel Coronavirus (2019-nCoV) cases in Wuhan City, China. Natsuko Imai, Ilaria Dorigatti, Anne Cori, Steven Riley, Neil M. Ferguson. WHO Collaborating Centre for Infectious Disease Modelling MRC Centre for Global Infectious Disease Analysis, J-IDEA, Imperial College London, UK.
- Sylvie Behillil, responsable adjointe du CNR des virus respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur, dans le journal Les Echos, 20 janvier 2020.
- Vincent Enouf, responsable adjoint du CNR des virus respiratoires (dont la grippe) à l’Institut Pasteur, dans un reportage sur TF1 le 19 janvier 2020.
- Arnaud Fontanet, responsable de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, sur Europe 1, le 21 janvier 2020.
Coronavirus SARS-CoV-2
Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire Maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.