Le vendredi 14 février 2020, Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur a accueilli son Excellence M. LU Shaye, Ambassadeur de Chine en France, qui a souhaité rendre visite à l’Institut Pasteur afin de faire part de son soutien et de celui de son pays à l’Institut Pasteur en réponse à l’épidémie du nouveau coronavirus. Cette visite a été l’occasion de présenter à Monsieur l’Ambassadeur, ainsi qu’à sa délégation, les équipes de chercheurs mobilisés dans la surveillance de l’épidémie et les projets de recherche démarrés dans le cadre de la nouvelle Taskforce pour contribuer, en collaboration avec les autorités sanitaires et autres institutions impliquées, à la lutte contre l’épidémie. L’occasion de rappeler l’engagement de tous les instituts membres du Réseau International des Instituts Pasteur, à Paris, à Shanghai et partout dans le monde.
L’épidémie du nouveau coronavirus (d’abord appelé 2019-nCoV puis officiellement SARS-Cov2 – lire la fiche maladie) qui a émergé dans la ville de Wuhan (province de Hubei, Chine) en décembre 2019 touche aujourd’hui de nombreux pays à travers le monde. Grâce à la solidarité internationale dont fait preuve le Réseau International des Instituts Pasteur, les instituts travaillent en étroite collaboration pour accélérer l’accès au diagnostic et la mise au point de traitements pour enrayer l’épidémie dans les plus brefs délais. Dans ce contexte, la Chine a fait part de son souhait d’apporter son soutien aux équipes de recherche mobilisées à l’Institut Pasteur. Par le passé, la coopération franco-chinoise avait déjà porté ses fruits à travers l’engagement de l’Institut Pasteur dans le cadre de l’épidémie de SRAS en 2003.
Visite officielle de l’Ambassadeur de Chine en France
Son Excellence M. LU Shaye, Ambassadeur de Chine, à l’Institut Pasteur à Paris a rencontré les chercheurs impliqués dans la gestion de l’épidémie du nouveau coronavirus, notamment Sylvie van der Werf, responsable du Centre National de Référence des virus des infections respiratoires, Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU), Olivier Schwartz, Responsable de l’Unité Virus et Immunité et Philippe Sansonetti, responsable du Center for Microbes in Development and Health à l’Institut Pasteur de Shanghai-Académie chinoise des sciences. Accompagné de sa délégation, il a fait part de son soutien à la mobilisation de l’Institut Pasteur et adressé ses remerciements aux chercheurs. S.E.M LU Shaye et le Pr Stewart Cole ont tous deux souligné que c’est dans ces moments difficiles que la coopération entre les pays est renforcée.
- En France, dans le cadre de sa mission de surveillance des virus grippaux et respiratoires sur le territoire français, l’Institut Pasteur à Paris a en effet mobilisé les équipes du Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires et celle de la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) pour confirmer les suspicions d’infection respiratoire aiguë liées au nouveau coronavirus (aujourd’hui appelé SARS-CoV2). Le travail concerté de ces deux laboratoires permet à l’Institut Pasteur de répondre 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à la demande des autorités sanitaires, qui doivent faire face à un virus jusque-là inconnu.
La délégation chinoise a visité le laboratoire de Sylvie van der Werf, responsable du Centre National de Référence des virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur. L’Institut Pasteur a en effet analysé les échantillons prélevés sur les premiers cas confirmés, en concertation avec les autorités sanitaires et les hôpitaux ayant effectué les prélèvements sur ces premiers patients. Le 31 janvier 2020, l’Institut Pasteur a ainsi annoncé avoir isolé les souches du nouveau coronavirus (SARS-CoV2) détecté en France. En parallèle de l’isolement, l’Institut Pasteur a séquencé le génome complet du nouveau coronavirus (SARS-CoV2) et partagé cette séquence avec la communauté scientifique internationale. Le séquençage du génome permet de comparer les virus entre eux, afin de reconstruire d’éventuelles chaînes de transmission sur le sol français, et d’étudier les mutations du virus à l’échelle planétaire.
L’isolement du virus responsable de l’épidémie en cours ouvre la voie à la recherche de nouvelles approches diagnostique, thérapeutique et prophylactique.
Suite à l’annonce des premiers cas et à la déclaration de l’épidémie par les autorités Chinoises, l’Institut Pasteur à Paris a mis en place un groupe d’action et de recherche (Taskforce) sur le nouveau coronavirus. Une des premières tâches de cette taskforce a consisté à formaliser les axes de recherche dans lesquels l’Institut Pasteur à des compétences et de cartographier les projets en cours. Cette Taskforce réunit plusieurs des équipes de l’Institut Pasteur et concentre ses recherches suivant différentes orientations scientifiques :
- La connaissance du virus et de sa pathogenèse ;
- Le développement de nouveaux outils diagnostiques et la recherche d’anticorps pouvant avoir une application thérapeutique ;
- Le développement de vaccins ;
- L’épidémiologie et la modélisation pour mettre en place des stratégies de contrôle de l’épidémie.
- En Asie, Les instituts membres du Réseau situés en Asie ont mis en œuvre un test de diagnostic du virus SARS-CoV-2 basé sur un protocole proposé par l’Université de Hong Kong, centre collaborateur OMS. Ce test est actuellement mondialement diffusé.
L’Institut Pasteur de Shanghai – Académie chinoise des sciences, créée en 2004 pour justement répondre aux émergences infectieuses, travaille aujourd’hui aux côtés des autorités chinoises qui lui ont donné un accès direct aux patients via la plateforme hospitalo-universitaire située à Hefei. A travers la gouvernance franco-chinoise et l’environnement de travail international qui caractérisent cet institut, l’institut Pasteur de Shanghai - Académie chinoise des sciences, joue un rôle clé d’incubateur/accélérateur des projets de coopération entre les équipes françaises (Inserm, CNRS, institut Pasteur) et les équipes chinoises.
L’Institut Pasteur de Shanghai et le pôle de recherche Université de Hong Kong-Pasteur ont apporté leur soutien aux pays de la région dont les systèmes de santé sont plus vulnérables.
Ils sont venus en appui, avec l’Institut Pasteur du Cambodge également très mobilisé depuis le début de l’épidémie, à l’Institut Pasteur du Laos, désigné laboratoire de première ligne pour le diagnostic par le Ministère de la santé laotien.
- En Afrique, les instituts membres du Réseau se préparent à l’arrivée de l’épidémie sur le continent avec la mise en place de protocoles et de matériel de diagnostic largement diffusés par le pôle de recherche Université de Hong Kong – Pasteur et l’équipe de la Charité en Allemagne.
L’association Pasteur International Network coordonne cette mobilisation entre les différentes régions. Elles bénéficient de programmes de renforcement des capacités déjà en place comme le programme soutenu par le département de la Santé US, dédié à la surveillance et la préparation aux émergences infectieuses, ou le programme MediLaBSecure dédié au renforcement de compétences des laboratoires de référence, soutenu par l’Union Européenne.
Par ailleurs, la plupart des instituts Pasteur d’Afrique sont reconnus comme centres de référence au niveau national et certains, comme l’Institut Pasteur de Dakar, comme centre de référence régional de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS - WAHO). A ce titre, l’Institut Pasteur de Dakar a par exemple organisé du 6 au 8 février une formation ouverte à 15 pays d’Afrique pour renforcer leurs dispositifs de préparation aux épidémies.
Les liens entre le foyer infectieux asiatique et l’enjeu que constitue le continent africain où l’épidémie pourrait se propager rapidement compte-tenu de la fragilité des systèmes de santé, est crucial pour organiser une réponse efficace à l’échelle internationale.